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Du besoin identifié au marché assumé

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L’emploi à domicile relève encore largement de la logique de « petit boulot ». Mais cette situation devrait évoluer avec l’apparition d’un clivage entre les emplois à faible expertise et les emplois à haute valeur ajoutée. Explications.

Selon une étude de la Direction de l’animation, de la recherche des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, réalisée en avril 2018, « l’effectif global des intervenants au domicile des particuliers est estimé à 1,22 million de personnes ».

Mais qui sont ces intervenants ? Quelles prestations effectuent-ils ? Sous quel statut ?

Selon cette étude, l’intervention au domicile relève encore largement de l’emploi à temps partiel, voire du « petit boulot », avec une moyenne de 182 heures de travail par trimestre, soit 15 heures par semaine.

Le marché de l’emploi a du mal à se structurer et à trouver son modèle économique. Malgré le développement d’entreprises de services mandataires, la majorité – 56 % – des emplois à domicile sont le fait d’une relation directe entre l’employeur particulier et le prestataire, les sites Internet spécialisés entretenant cette permanence, s’ajoutant ou se substituant à la petite annonce dans la boulangerie du coin pour le recrutement d’un(e) babysitter ou d’une personne pour quelques heures de ménage.

Toutefois, le nombre de particuliers ayant recours à un organisme mandataire qui se charge des formalités administratives augmente, mais c’est le particulier qui reste l’employeur direct.

Les organismes prestataires – il s’agit d’entreprises qui mettent à disposition des intervenants dont elles sont employeurs auprès de particuliers – restent donc minoritaires. Et c’est un secteur totalement atomisé.

Il y avait, en 2016, 278 000 organismes prestataires se partageant 380 millions d’heures d’intervention, soit une moyenne de 13 000 heures par an chacun. Comme toutes les moyennes, celle-ci recouvre d’importantes disparités. En fait, 40 % de ces prestataires sont des micro-entreprises ayant une faible activité.

Malgré ou peut-être à cause de cette atomisation, le nombre de structures ne cesse d’augmenter, surtout dans le secteur privé. « Si l’activité prestataire reste encore majoritairement assurée par des associations (54,3 %), cette part diminue, tout comme celle des organismes publics », au profit du secteur privé, note l’étude. Tout se passe comme si les opérateurs importants pariaient sur une structuration du secteur, accompagnant le développement du marché de l’aide à la personne.

Se diversifier pour mieux s’implanter

Les tendances socio-démographiques donnent de la crédibilité à cette analyse avec le nombre de personnes âgées en situation de dépendance qui va exploser. Or, déjà, en mode « prestataire », 57 % des heures rémunérées en aide à la personne le sont en faveur des personnes âgées et/ou handicapées.

Non seulement il existe déjà des opérateurs prêts à occuper le terrain, mais, en plus, les groupes d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) tendent à se diversifier et à s’implanter sur le créneau de l’aide à domicile dans le cadre d’une stratégie de parcours de soins qui leur permettrait d’accompagner les personnes âgées de leur domicile à leur propre établissement.

Si on en extrapole les tendances, cette étude de la Dares révèle que l’aide à domicile tendra à terme à se scinder en deux activités très différentes. La première est celle qui englobera les missions nécessitant peu d’expertise – ménage, entretien, garde d’enfants (hors assistance maternelle)… – qui resteront dominées par l’emploi direct des particuliers s’adressant à des publics en quête d’activité complémentaire (étudiants, personnes en recherche d’emploi, multi-activité…).

La seconde – et c’est le véritable enjeu – englobera les activités nécessitant une forte expertise et un professionnalisme reconnu, et qui sont précisément l’aide aux personnes âgées et aux personnes handicapées.

En d’autres termes, il s’agit de passer d’une notion de « besoin identifié » à celle de « marché assumé ». Et cela suppose deux conditions qui sont liées.

D’une part, une attractivité réelle des métiers, exprimée en termes de formation, de rémunération et de perspectives de carrière.

En d’autres termes, l’aide à domicile doit devenir un vrai métier, une vraie filière.

La question qui se pose est de savoir si le marché, dans les conditions actuelles, peut assumer seul cette mutation ou si l’État, à travers une politique et un financement dédié, doit intervenir.

C’est un enjeu économique et sociétal qui est au cœur du débat sur le « 5e risque ».

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