L’innovation n’est heureusement pas que technologique ou technique, mais avant tout humaine, managériale. Le cœur du sujet, c’est d’améliorer l’accompagnement des personnes âgées en France. Nous sommes favorables à l’introduction de robots dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), mais il faut prendre garde à ne pas les substituer au personnel. Au Japon, la robotisation est prégnante mais c’est parce qu’il n’y a plus assez de soignants. Les meilleures idées viennent souvent du terrain et ce sont les Fnadepa locales qui doivent être aux commandes. Je pense notamment aux crèches dans les EHPAD, aux restaurants ouverts à tous… Les établissements peuvent être un lieu ressource pour la ville mais de belles initiatives ne voient jamais le jour à cause d’une accumulation de normes et de blocages administratifs. Notre rôle au niveau national est de les encourager et d’appuyer les projets pour qu’ils trouvent un financement pérenne. Aujourd’hui, l’action sociale a perdu son esprit d’initiative. Il faut que nous soyons moteur dans un secteur à repenser.
Tout le monde sait, et depuis longtemps, qu’il manque entre 6 et 10 milliards d’euros dans les caisses pour faire face à la dépendance. Pour assurer l’accompagnement des 5 millions de personnes qui auront plus de 85 ans en 2050, cette somme est incontournable et il faut y parvenir en s’appuyant sur la solidarité nationale car nous sommes arrivés au bout d’un processus. Il n’est plus acceptable de rajouter des budgets petits bouts par petits bouts comme c’est le cas depuis plusieurs années. Est-ce que l’Etat et les citoyens sont prêts à mettre cet argent pour la dépendance ? Je pense que oui.
Les annonces de la ministre sont insuffisantes, ce sont des mesures d’urgence et nous ne pouvons pas nous en contenter. La présence d’infirmières de nuit en EHPAD est un épiphénomène et il serait bien de ne faut pas confondre les priorités. Mettons d’abord les moyens pour avoir des infirmières et des aides-soignantes de jour ! La crainte des directeurs de maison de retraite, c’est que ces effectifs viennent en remplacement de la demande de personnel supplémentaire en journée. Les besoins urgents n’ont pas été pris en compte. Le rapport « Iborra » préconise la création de 200 000 emplois, mais où va-t-on les trouver ? Il y a une crise des vocations qui s’aggravera si l’on ne revalorise pas ces métiers. Les aides à domicile travaillent en temps partiel subi pour des salaires très bas. La crise est profonde et les mouvements de janvier et mars en sont la preuve. J’espère que nous sommes dans une prise de conscience.