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La mort en EHPAD, un tabou à briser

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L’événement « Regards croisés », organisé par la fondation Korian le 29 mai au Bourget, était l’occasion pour elle de présenter un document recueillant les pratiques des établissements du groupe autour de la fin de vie, mettant en lumière le tabou entourant le décès des résidents.

« Il y un déni dans les établissements », affirme Aude Letty, déléguée générale de la fondation Korian pour le bien vieillir, en préambule de la présentation du document « Fin de vie ». « L’étude, qui porte sur l’ensemble de notre réseau [précisément 144 établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et cliniques de soins de suite et de réadaptation (SSR) libellés Korian] laisse apparaître que le temps du décès n’est pas formalisé. 92 % des établissements le notifient au personnel par “transmission”, à savoir une information écrite. Le défunt sort souvent par la porte de derrière. »

77 % des structures interrogées déclarent effectivement que le départ du mort est dissimulé, 17 % d’entre elles n’annoncent pas le décès aux autres résidents, et près de la moitié ne l’annonce pas aux autres familles. Marie de Hennezel, psychologue clinicienne, n’hésite pas à parler d’un sujet tabou mis sous le tapis : « La fin de vie est un sujet évité dans les EHPAD, alors que les résidents y pensent tous, avec pour conséquence une immense solitude de ces derniers. Pourtant, parler de la mort ne fait pas mourir. »

Ainsi, la possibilité même d’un temps de recueillement pour les résidents et les familles qui le souhaitent n’est offerte que par 58 % des établissements interrogés, et seulement 12 % accomplissent un rituel autour du départ du corps. Parmi les différentes formes de reconnaissance évoquées lors des discussions entre intervenants, la haie d’honneur fait l’unanimité. Le cérémonial consiste en un moment de recueillement autour de la dépouille, accompagnée jusqu’à l’ambulance par les résidents et le personnel. « On rend à la mort son humanité », analyse Marie de Hennezel. « Le titre est pompeux mais le geste est pudique, et permet une proximité corporelle pour les moments de chagrin. Chacun peut y assister ou non, et c’est un signe fort pour la structure : “chez nous, la mort n’est pas tabou, c’est le couronnement de la vie de quelqu’un”. »

L’importance du rituel

Xavier Emmanuelli, fondateur du SAMU social et cofondateur de Médecins sans frontières, insiste sur un besoin cultuel présent dans « toutes les cultures, même si il tend à disparaître dans notre société de consommation ». Plutôt que d’accepter la mort et la maladie, notre réflexe naturel serait de les passer sous silence pour dissimuler les failles du système. « C’est le contraste entre l’impuissance et l’espérance, c’est l’homme diminué confronté au rêve de l’homme augmenté », précise Xavier Emmanuelli. « Pourtant, la vie est une succession d’épreuves initiatiques qui forment la structure mentale. Si vous n’avez pas de rituel pour marquer l’étape de la mort, vous êtes vous-même vaincus. »

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