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Japon : le péril vieux

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« Notre pays est champion mondial du vieillissement. » Toshihiko Horiuchi, ministre-conseiller à l’ambassade du Japon en France, place d’emblée son intervention sous les auspices du maître qui vient dispenser son savoir à l’élève français. « Nous sommes au cinquième rang mondial pour l’espérance de vie masculine, au sixième pour l’espérance de vie féminine. » Mais toute médaille a son revers : avec un indice synthétique de fécondité de 1,46 enfant par femme en 2015, le Japon devrait perdre 40 millions d’individus d’ici à 2060, avec pour conséquence de voir la pyramide des âges s’inverser. « En 2010, les plus de 65 ans représentent 23 % de la population totale », poursuit le conseiller. « Ils seront 40 % en 2300. Il ne faut pas considérer le vieillissement comme un problème mais comme un défi à relever. » Et pour challenger ce « défi », le Japon veut déployer d’ici à 2025 un système de parcs de vie intégrés, où « les soins, les activités associatives et les services seront à moins de 30 minutes à pied pour la personne », détaille Toshihiko Horiuchi.

Un processus de bien vieillir dont « les collectivités territoriales doivent être parties intégrantes. Le département Shiga est devenu le lieu où l’espérance de vie est la plus longue, grâce à des campagnes de prévention intensives, notamment contre le tabagisme avec des distributions gratuites de patch de nicotines ».

Autre pilier de cette politique, l’innovation technologique et numérique dans le domaine du soin. Les systèmes de surveillance du patient sont à la mode, que ce soit pour monitorer un réveil ou le taux de remplissage de la vessie. Une assistance qui diminuerait de « 30 % le temps consacré aux tâches quotidiennes dans les établissements de santé », d’après Toshihiko Horiuchi.

Le système de protection sociale

Mais comment subventionner un système où une personne sur deux ne sera bientôt plus en mesure de travailler ? « Toutes les personnes sont couvertes par le système de protection sociale japonais », assure-t-il. « Et les municipalités gèrent une assurance pour les personnes dépendantes, qui ne payent que 10 % des frais. » Une assurance dont le financement est assuré à 50 % par les cotisations des assurés, 25 % par l’Etat, et pour le reste réparti à parts égales entre communes et départements. Bertrand Fragonard, président délégué du Haut Conseil de la famille, vient tempérer ce tableau idyllique : « Nos deux populations ont une préférence pour le maintien à domicile, et les Japonais y arrivent mieux même si cela est en partie lié à l’insuffisance du taux d’hébergement. » Mais transposer tel quel le système nippon ne lui paraît pas pertinent : « Nous avons la chance d’avoir un taux de personnes isolées faible. Si l’on veut contenir la dépense publique, il faut parier sur le potentiel des aidants. » Bertrand Fragonard reconnaît cependant au Japon « un pilotage du parcours intégré plus cohérent. Leurs règles sont plus simples et les inégalités territoriales moins importantes, alors que chez nous les départements qui gèrent la politique d’aide à domicile sont financièrement étranglés. » Pour rappel, le gouvernement de Shinzo Abe a repoussé en février l’âge limite de départ à la retraite de 70 à 80 ans pour les fonctionnaires volontaires. Une mesure basée sur le volontariat, mais qui fera, à n’en pas douter, des émules dans un pays où 19 % des seniors sont sous le seuil de pauvreté.

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