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« Bercy a la mauvaise habitude de piocher dans la caisse »

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Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), membre du conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), salue l’action de l’institution et son expertise dans le domaine de l’autonomie des personnes âgées et en situation de handicap, mais déplore la mainmise du ministère de l’Economie et des Finances sur son budget.
Treize ans après son lancement, quelle est la plus grande réussite de la CNSA ?

C’est d’avoir réussi à réunir autour de la table tous les acteurs concernés, à savoir les pouvoirs publics – l’Etat, les départements – les Caisses nationales d’assurance maladie et d’assurance vieillesse, mais aussi les professionnels des secteurs s’occupant des personnes âgées et des personnes handicapées ainsi que les partenaires sociaux et les associations de personnes. Pourtant, à sa création en 2004, nous étions à l’AD-PA assez septiques quant à son utilité. Force est de constater que la CNSA est un bon outil de prospective. A travers ses différents rapports, elle a notamment mis en avant la nécessité de faire converger les problématiques liées au grand âge avec celles du handicap. Il ne s’agit pas seulement d’une caisse qui redistribue les aides.

En revanche, vous êtes plus critique en ce qui concerne l’influence de l’Etat sur l’institution…

Bercy a pris la mauvaise habitude de piocher dans les caisses pour réajuster d’autres budgets qui n’ont rien à voir avec l’aide aux personnes âgées ou aux personnes handicapées. En période de crise, prendre dans le porte-monnaie de la grand-mère c’est indigne ! Et c’est également l’Etat qui propose trois noms pour la présidence de la CNSA. Il s’agit d’une position délicate car l’élu à un fil à la patte mais doit aussi s’opposer à ce que le ministère des Finances ne détourne pas de crédits.

L’Etat est également décisionnaire concernant son budget ?

Il possède la majorité au sein du conseil. Donc si tous les acteurs s’opposent à une décision, l’Etat l’emportera toujours. Les secteurs de l’aide à domicile et des EHPAD [établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] sont en crise et l’on constate à travers le mouvement de janvier et mars que nous sommes particulièrement en retard, qu’il s’agisse de temps passé auprès des personnes âgées ou d’effectifs. Or, il est arrivé que certains des budgets définis par l’Etat amplifient ces décalages voire les organisent. Puis, les désaccords se sont intensifiés quand Bercy a récupéré des crédits de la caisse et ce, quasiment tous les ans. C’est un vrai dysfonctionnement. Si la CNSA est globalement un bon système il est nécessaire de la réformer afin que l’Etat n’ait plus autant de prérogatives.

A combien se chiffre ces ponctions ?

Depuis 2004, il s’agit de plus de 5 milliards d’euros en moins, selon une évaluation récente de la CNSA. Mais il ne s’agit que de la face visible du problème. Nous demandons depuis plusieurs années une estimation des détournements indirects. C’est-à-dire toutes les économies faites par l’Etat, les régions, les départements ou la Caisse nationale d’assurance maladie quand ils ont stoppé le financement de certains projets à la création de la CNSA. Par exemple, le financement des structures qui accueille des personnes âgées en grande dépendance. C’est toute une série d’économies faites mais qui n’ont jamais été compensées. En parallèle, le gouvernement explique qu’il dépense beaucoup pour les personnes âgées mais la population est vieillissante. Cela n’est pas suffisant !

Pensez-vous que l’instauration d’une deuxième journée de solidarité suffise à rattraper ce retard ?

Absolument pas. En 2018, on estime que le lundi de Pentecôte rapportera 2,42 milliards d’euros. Sur cette somme, 1,5 milliard d’euros iront aux personnes âgées et le reste sera versé aux personnes en situation de handicap. Or, selon les calculs, il manquerait 10 milliards pour faire face à la dépendance. Nous sommes loin du compte.

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