Plats post-it de Tanguy, purée volcanique de Martine, spaghettis bleus de Corentin, croq’foufous et tartines qu’on veut !, poire Belle-Paul… Ces drôles de recettes sont au menu du livre Je cuisine un jour bleu, écrit par Josef Schovanec, porteur du syndrome d’Asperger, et Claude Carat, président des Amis de la Fête de la gastronomie. Une manière d’aborder l’autisme autrement. Car on ne le sait pas forcément, mais les personnes souffrant de troubles autistiques ont parfois du mal à se nourrir à cause d’une hypersensibilité aux odeurs, au goût ou aux textures. Un casse-tête pour les parents : certains enfants n’acceptent de manger que des aliments rouges, d’autres que du cru, d’autres encore que des produits mixés ou scrupuleusement séparés dans leur assiette… La bonne idée de ce livre est de présenter des recettes préparées par les familles et des adultes autistes, accompagnées à chaque fois d’un témoignage. Il y a ainsi les spaghettis colorés en bleu de Corentin, qui ressemblent à ceux qu’il faisait en pâte à modeler quand il était petit. Ou le gâteau normal de Luc, qui n’a que 7 ans : « Mon gâteau est normal car c’est le premier que j’ai appris à faire. Tous les autres sont différents et donc anormaux. » Et aussi l’astuce de la mère de Tanguy, qui refusait de se nourrir… « Le hasard a voulu qu’un jour où je cherchais des recettes, il s’est mis à regarder mon livre avec moi, raconte-t-elle. Il avait 4-5 ans et ne savait pas lire. Il montrait des photos de plats en disant : “Ça c’est bon.” Je lui ai donné un paquet de post-it qu’il a collés sur ce qu’il voulait. Quand je cuisinais, je disais : “C’est le plat post-it de Tanguy.” » Cerise sur le gâteau : les droits d’auteurs du livre seront reversés à des associations engagées dans la défense des droits des autistes. Question subsidiaire : pourquoi le bleu est-il associé à l’autisme ? parce qu’il y a plus de garçons que de filles atteints par ce trouble… « Normal », dirait Luc.
Je cuisine un jour bleu
Josef Schovanec et Claude Carat – Ed. Terre Vivante – 21 €