Actuellement dans Paris, il n’existe qu’un seul accueil de jour dédié aux femmes. Et cet espace ne compte qu’une seule douche. Bien trop peu pour l’ensemble des femmes sans abri de la capitale. « Récemment, nous avons fait une enquête qualitative et quantitative dans cet accueil de jour. Et, à cette occasion, parmi les difficultés rencontrées, celle du manque de sites dédiés aux femmes était l’une des plus souvent citée : trop peu de douches réservées aux femmes, trop peu d’hébergements réservés aux femmes, trop peu d’accueil de jour…, témoigne Christine Laconde, directrice générale du SAMU social de Paris. Elles nous ont fait savoir qu’elles ressentaient le besoin d’être accueillies, rassurées, accompagnées, aidées dans un lieu qui leur soit propre. »
C’est pourquoi le SAMU social de Paris a lancé une campagne de financement participatif pour créer un « centre d’hygiène et de bien-être » destiné aux femmes sans abri. Cette campagne s’est clôturée mercredi 23 mai et plus de 46 338 € ont été récoltés. « Nous ne sommes pas coutumier de l’appel aux dons, de l’appel à la générosité du public et nous sommes donc plutôt satisfaits de cette campagne car nous avons franchi les deux premiers seuils fixés (15 000 € et 35 000 €) et nous n’étions pas très loin du troisième (50 000 €) », se félicite la directrice générale.
« Concrètement, nous avons la volonté d’ouvrir cet espace fin septembre-début octobre 2018, dans le XIIe arrondissement de Paris. Il s’agit d’une douche municipale que l’on va transformer en espace réservé aux femmes, en espace d’hygiène et de bien-être, détaille Christine Laconde. A l’intérieur, il devrait y avoir un lieu d’écoute, d’accompagnement et de soutien personnalisé, des cabines de douches, des équipements de toilette (sèche-cheveux, miroirs, produits de beauté…), des kits d’hygiène, mais aussi un espace de soins sanitaires avec une infirmière qui fera des consultations médicales, en particulier gynécologiques, et autre permanence médico-sociale. »
« Tout cela est amené à évoluer en fonction du lieu définitif et du budget, mais aussi de l’écosystème local car nous avons la volonté de travailler étroitement avec d’autres structures, ajoute-t-elle. Par exemple, s’il existe déjà un centre de santé à proximité, le but sera de travailler en collaboration avec celui-ci. Nous avons d’ailleurs déjà un certain nombre de partenaires auxquels nous allons proposer de travailler sur ce projet car il faut agréger les acteurs. Ce n’est pas le SAMU social de Paris qui va tout faire tout seul. »
« L’idée est que les femmes viennent dans ce futur espace pour se sentir rassurées, parce qu’elles savent que ce n’est que pour les femmes et parce que la question de l’hygiène est vraiment importante pour une grande majorité d’entre elles, poursuit la directrice générale du SAMU social de Paris. On leur propose quelque chose où elles ne se sentent pas menacées, où l’on s’occupe d’elles, où on les respecte. Ce sera un lieu adapté à leur fonctionnement, avec des équipements en adéquation avec leurs besoins d’intimité. »
Et Christine Laconde de faire un point sur la situation des femmes sans abri dans la capitale : « Au SAMU social de Paris, en 2016, 5 400 femmes sans abris avaient appelé le 115. Ce qui ne donne qu’une idée du nombre de femmes à la rue car certaines n’appellent pas. Mais s’il est difficile de chiffrer exactement le nombre de femmes vivant dans la rue, de manière générale, une enquête de l’INSEE, menée entre 2001 et 2012, montrait une très forte progression de cette population-là. De même, si elles ne sont pas majoritaires, cette enquête montrait que les femmes représentent un pourcentage non négligeable des personnes isolées. Nous sommes donc face à un phénomène croissant, il est urgent d’agir. »