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Désaccords de Grenelle

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• 23 mai •

Le pouvoir redoute de plus en plus l’impact des images de la télévision, et surtout celui du son des radios montrant et racontant le spectacle de cette France à l’arrêt et qui manifeste en masse. Du coup, il accentue la censure sur l’ORTF et, surtout, interdit aux radios périphériques (RTL et Europe n° 1) d’utiliser leurs voitures émettrices, qui renseignent en temps réel les manifestants sur le positionnement des forces de l’ordre. Cela n’empêche pas une manifestation d’étudiants d’avoir lieu dans la soirée à Paris, avec son lot d’affrontements avec la police et ses gaz lacrymogènes qui illuminent le ciel de la capitale.

• 24 mai •

Une grande manifestation, sociale cette fois, a lieu à Paris à l’appel de la CGT. Comprenant la dimension politique de la crise, le général de Gaulle annonce à la télévision l’organisation, pour le mois de juin, d’un référendum sur la participation à l’Université et dans les entreprises. Peine perdue. Sa proposition est à peine entendue et encore moins écoutée. Le soir même, Paris s’enflamme, y compris au sens propre, avec l’incendie de la Bourse et une nouvelle violente nuit de barricades. Plusieurs villes de province sont aussi le théâtre de manifestations.

• 25-26 mai •

Préparées discrètement à la demande de Georges Pompidou par son fidèle Jacques Chirac – dont la légende veut qu’il se rendait à plusieurs réunions avec des émissaires syndicaux un révolver dans sa poche – les négociations entre le patronat, le gouvernement et les organisations syndicales s’ouvrent au ministère du travail, rue de Grenelle.

• 27 mai •

Aux premières heures de l’aube, après un interminable marathon de négociations, les partenaires présentent un protocole connu sous le nom d’accords de Grenelle (comme en 1936 à l’époque du Front populaire). Le patronat reprochera au Premier ministre, qui menait les négociations, d’avoir tout lâché. De fait, les avancées sont importantes : augmentation du SMIG et des bas salaires, suppression des abattements de zone, réduction progressive de la durée du travail en vue d’aboutir à la semaine de 40 heures, abaissement de l’âge de la retraite, révision des conventions collectives, reconnaissance de la section syndicale d’entreprise et augmentation des droits syndicaux… Avec la satisfaction du devoir accompli, Georges Séguy, secrétaire général de la CGT, va aux usines Renault de l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt, présenter aux grévistes les résultats des négociations. Mais là, c’est le choc. Au cœur du symbole de la lutte sociale, les ouvriers refusent le protocole et votent la poursuite de la grève. Panique à bord, tant du côté syndical que de celui du gouvernement, car il n’y a pas de « plan B ».

A Paris, un meeting au stade Charléty est organisé par l’UNEF avec le soutien du PSU, de la CFDT et de la FEN, en présence de Pierre Mendès France. Pas de prise de parole, mais un message évident : l’ancien président du Conseil, conscience morale de la gauche, va-t-il franchir le pas et « entamer le processus régulier de son retour aux affaires », comme avait dit en 1958 un certain général de Gaulle ? La crise sociale et estudiantine va-t-elle se transformer en crise de régime, avec la chute du gaullisme, voire de la République ?

1968-2018

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