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Catherine, l’ado qui veut tout casser

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Notre reporter – toujours pas né en 1968 – continue d’imaginer les reportages qu’il aurait pu faire cette année-là. Aujourd’hui, il est allé à la rencontre de Catherine ? S., adolescente de 16 ans en révolte contre l’ordre établi et en attente de sa majorité – cinq ans encore – pour vivre libre et autrement !
De notre envoyé spécial en… 1968

« Je ne veux pas de leur vieux monde. Celui du pavillon en banlieue avec la femme, les gosses et le chien. C’est nul.

Depuis que je suis petite, c’est toujours la même chose avec mes frères et sœurs. Pendant le repas, on n’a pas le droit de causer. La soupe du soir et le gigot du dimanche midi me gonflent sérieusement. Le paternel ne veut jamais que je sorte en boum pour danser le twist. Plus que cinq ans avant d’atteindre la majorité et d’être enfin indépendante. J’ai hâte… mais c’est encore loin.

D’ailleurs, je commence déjà à travailler ici et là. Bon, c’est pas toujours facile quand t’es une fille, mais au moins ça me fait un peu d’argent de poche pour pouvoir me payer des 45 tours. Puis je vais les écouter avec mon copain, qui a commencé des études de droit à Paris.

Et je commence déjà à réfléchir. Par exemple, je commence à me rendre compte à quel point l’école est rétrograde et phallocrate. D’abord, on n’a pas le droit de s’habiller comme on veut, c’est toujours la même blouse grise moche qu’on doit remettre à chaque fois. Et puis les garçons ne sont pas dans les mêmes classes que nous. Et ils n’ont pas les mêmes cours. De ce que j’en sais, eux ils ont des cours de mécanique, pendant qu’on a des cours de couture, pour finir en bonne mères de famille… Tu parles d’un projet de vie ! Ils donnent trop d’importance à l’argent. L’argent, c’est un outil, pas une fin en soi.

Mais, à leur décharge, la guerre a sûrement fait qu’ils ne veulent plus jamais manquer de rien. Ils n’aiment pas en parler, d’ailleurs, pourtant ils s’obstinent à réélire un général à la tête du pays.

Je vois bien que maman n’arrête pas de travailler dans la maison, mais en même temps elle n’est pas complètement indépendante. C’est le père qui bosse et qui décide d’à peu près tout. De quand et d’où on part en vacances, de ce qu’on a le droit de faire ou pas… Il n’y a qu’un truc qu’il ne décide pas complètement : le menu du repas du soir.

Au jour de mes 21 ans, je vais tout envoyer paître. Je ne veux pas de leur monde, de leurs habitudes, de leur vieille France à la de Gaulle au pouvoir depuis dix ans et Pompidou en Citroën DS. Place aux jeunes ! »

1968-2018

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