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« Il est où le social, il est où, il est où ? Pas là »

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Benoît Calmels, délégué général de l’Unccas (Union nationale des centres communaux d’action sociale), milite pour que l’action sociale ne consiste pas seulement à accompagner des publics en difficulté, mais à mettre en œuvre une véritable stratégie pour permettre à chacun d’être pleinement citoyen.

« A deux ans des municipales, commence à résonner dans les villes et clochers, la douce petite musique des programmes et chansons. Passée l’épineuse question du “j’y vais, j’y retourne, j’y vais pas”, le potentiel candidat est mis au défi de la feuille blanche et se doit de disserter sur l’avenir de sa cité. Eternel trublion, je me dois d’interpeller le great pretender sur ce sujet au cœur de notre action : le social.

En effet, dans les programmes municipaux, l’action sociale, pour reprendre l’acronyme des CCAS et CIAS (centres communaux et intercommunaux d’action sociale), apparaît souvent en petits caractères comme ces clauses scélérates mais ô combien contractuelles des contrats d’assurances. Dès le départ, nous partons sur un malentendu. Là où nous parlons “social”, l’oreille sélective comprend “le pauvre” et l’esprit se brouille : la pauvreté et l’exclusion n’ont pas leur place dans un programme.

Etymologiquement, pourtant, le social se rapporte aux interactions entre les individus au sein de la société. Pas les pauvres, ou pas que, pas les personnes âgées, ou pas que. Ainsi, l’action sociale ne se limite pas aux publics en difficulté ; en effet, une crèche n’est pas un lieu de garde pour enfants précaires, un club de retraités n’est pas un rassemblement de déambulateurs tout comme une action jeunesse ne vise pas à s’occuper exclusivement du célèbre “punk à chien”.

Non, le champ du social, c’est le champ du possible : le champ de tout ce qui concourt à vivre dans la société. A l’aune des municipales, on pourrait dire que le social permet de développer et de mettre en œuvre des actions pour vivre tous ensemble dans la cité. Un peu comme si l’action sociale était une fabrique à citoyens : ce qui est quand même un chouette projet, ce me semble. Le Sommet de Rio de 1992 ne s’y trompa d’ailleurs pas en désignant le social comme l’un des trois piliers du développement durable à égalité avec l’environnement et l’économique. J’irai même plus loin : le social, c’est nous, nos enfants, nos parents.

Militons alors pour que le social ne soit plus seulement une somme de réponses à des problématiques rencontrées mais bel et bien une stratégie pour faire que chacun puisse vivre dans la cité. Cela rejoint d’ailleurs largement les constats posés depuis des années (sans dépasser le stade du constat, d’ailleurs) que les politiques sociales souffrent d’un traitement en silo. Le citoyen se retrouve découpé en fonction des problématiques et non considéré dans son ensemble. A nous de contribuer à le replacer au cœur d’une stratégie – et non d’une multiplicité de dispositifs – qui lui permette d’évoluer dans un environnement sain et de bénéficier de tous les services nécessaires afin d’être pleinement citoyen.

Réfléchir à la cohérence des actions

Attention, il ne s’agit pas de faire des CCAS ou des CIAS, des départements ou des associations, les organisateurs de tout sur le territoire mais juste de réfléchir à la cohérence des actions afin de faire des communes, des intercommunalités et des autres espaces des lieux de vie, des lieux où chacun puisse se sentir citoyen. Non pas citoyen d’un quartier prioritaire, non pas citoyen en perte d’autonomie, non pas citoyen sans emploi ou sans logement, mais simplement citoyen afin de mettre à bas définitivement ce syndrome de “Zézette, épouse X., qui ne rentrait jamais dans les cases”.

Alors, un jour peut-être, les trois premiers adjoints dans les conseils seront ceux de l’environnement, de l’économique et du social. Et que la gestion financière sera à sa juste place, à savoir un outil, un moyen à la disposition de la mise en œuvre des politiques et non l’inverse.

Il s’agit de redonner force à la puissance publique, à la parole de l’élu(e) qui s’engage, qui porte et qui innove. Initions ou initiez des programmes qui pensent l’action sociale comme un tout et non comme un coût. Qu’on n’entende plus résonner le “Il est où le social, il est où, il est où ? Pas là” ».

Tribune

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