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L’inclusion et le principe de réalité…

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Alors que la troisième édition du Salon handicap, emploi et achats responsables se tiendra le 28 mai au Palais des congrès de Paris, le Club Etre a publié, lundi 14 mai, les résultats du premier baromètre sur la perception et l’application de la « politique handicap » en entreprise par ses responsables. Habituellement, les études concernent plutôt les difficultés des personnes handicapées à accéder à l’emploi, alors que ce baromètre s’intéresse aux difficultés des entreprises à mettre en place une politique du handicap.

Comment l’entreprise aborde-t-elle au quotidien l’inclusion et la prévention du handicap ? Ce premier baromètre « Handicap, emploi et prévention en entreprise » entend répondre à cette question. Ainsi, à la demande du Club Etre, premier réseau d’entreprises engagées pour l’inclusion du handicap dans l’entreprise, Kantar TNS a réalisé une étude sur la perception, les attentes et les problématiques liées au handicap. Pour ce faire, 240 dirigeants, directeurs des ressources humaines, responsables de missions « handicap » ou, plus généralement, personnes en charge de la gestion de la politique du handicap dans des entreprises de 20 salariés et plus ont été interrogés, car ils ont l’obligation de compter 6 % de travailleurs handicapés dans leurs effectifs. Cet échantillon national est constitué de 80 % d’entreprises de 20 à 99 salariés, de 12 % de 100 à 249 salariés et de 8 % de 250 salariés et plus – ce qui permet de constater des différences selon la taille de l’entreprise. Plus l’entreprise est grande, plus le regard sur le handicap est structuré, car du temps et des moyens y sont alloués : 80 % des sondés y consacrent moins de 5 % de leur temps, alors que 13 % des entreprises disposent d’une équipe dédiée à la gestion du handicap, ce taux s’élève à 39 % pour les entreprises de 250 salariés et plus.

Des entreprises partagées

Dans cette étude, plusieurs paradoxes se font jour, notamment celui du décalage entre l’importance théorique donnée au handicap et ce qui est réellement mis en pratique. Ainsi, 97 % des sondés indiquent que la mise en place d’une politique du handicap est importante, mais 57 % d’entre eux précisent également que leur société a d’autres priorités à traiter au quotidien. Les entreprises sont toutefois conscientes qu’une politique du handicap peut être bénéfique en termes de valeurs telles que l’amélioration de la solidarité au sein de l’entreprise (76 %), un plus fort engagement des salariés (54 %) et une amélioration de la réputation de l’entreprise (46 %).

Cette ambivalence se retrouve également dans la perception du cadre légal. Dans ce domaine, la méconnaissance semble la règle : un quart des entreprises ne connaissent pas les implications de la loi « handicap » de 2005, deux tiers disent la connaître dans les grandes lignes et seulement 10 % d’entre elles prétendent bien la connaître. Ce cadre légal est malgré tout jugé utile pour 81 % des sondés, bien qu’il soit également perçu comme perfectible (78 %), contraignant (67 %), complexe (66 %) et chronophage (54 %). Un nouveau paradoxe entre la nécessité d’avoir un cadre et la complexité au quotidien…

Des freins à l’inclusion

Cette étude fait également une synthèse des difficultés que les entreprises rencontrent pour mettre en place une telle politique. Sans grande surprise, le recrutement des personnes en situation de handicap est jugé difficile, voire très difficile, par près de 70 % des décideurs, et ce, quelle que soit la taille de l’entreprise. Les deux freins principaux qui expliquent ces difficultés sont le manque de candidats disposant des compétences attendues (83 %) et le manque de moyens humains en interne pour mettre en place ladite politique (71 %). Des résultats analysés et commentés par Julie Coquille, de Kantar TNS : « Les entreprises ne cherchent pas des travailleurs handicapés mais des compétences. Ici, ce qui se joue est en amont de l’entreprise, c’est la question de l’apprentissage, de la scolarité et de la formation. » Une analyse partagée par Emmanuel Perret, directeur du Club Etre : « Il y a un problème entre l’offre et la demande. L’Education nationale et l’enseignement supérieur ne sont pas assez inclusifs, il n’y a pas assez de personnes qui arrivent avec des diplômes. Il faut aussi qu’il y ait des systèmes de reconversion – 85 % des handicaps apparaissent au cours de la vie – et de formation efficaces. »

Face à ces difficultés, les entreprises ont des attentes. Elles souhaitent un dialogue plus efficace avec les institutionnels (84 %) ainsi qu’une simplification du cadre légal (79 %). Emmanuel Perret explique : « Tout est complexe administrativement, les parties reporting et administrative prennent beaucoup de temps. Ce temps devrait et pourrait plutôt être dédié à l’accompagnement des personnes. Le temps des institutions n’est pas celui de l’entreprise. »

Ce baromètre, qui donne la parole pour la première fois à celles et ceux qui font vivre les politiques d’inclusion au sein de leur entreprise, permet de comprendre les besoins et les attentes des professionnels. Emmanuel Perret précise : « En s’appuyant sur le ressenti et l’analyse de ces professionnels, cette enquête fait émerger très clairement les freins à lever et les leviers à développer. Ce retour d’expérience inédit et riche d’enseignements peut et doit être pris en compte dans le cadre des réformes en cours et à venir sur la politique d’emploi des personnes en situation de handicap. » Des propos tenus alors que Sophie Cluzel, la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, doit annoncer prochainement une réforme de la loi sur l’insertion des handicapés dans le milieu du travail.

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L’inclusion et le principe de réalité…
Crédit photo : Nathalie Auphant

 

Les chiffres de l’inclusion…

• 12 millions de Français en situation de handicap.

• 6 % des effectifs, c’est l’obligation d’emploi des entreprises de 20 salariés et plus.

• 3,4 %, c’est le taux d’emploi direct des bénéficiaires de l’obligation d’emploi en équivalent temps plein en 2015.

• 70 % des bénéficiaires de l’obligation d’emploi sont employés dans le secteur privé, 22 % dans le public, et 8 % sont des travailleurs indépendants.

• 85 % des handicaps apparaissent au cours de la vie.

• 80 % des handicaps sont invisibles.

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