Remettre du « piment dans l’assoc’ », faire bouger les lignes du milieu associatif, telle était l’ambition affichée par le Mouvement associatif avec l’organisation de son premier colloque participatif, mardi 15 mai. Une trentaine de membres associatifs, directeurs et bénévoles, avaient répondu à l’invitation du réseau qui réunit près de 600 000 associations à travers la France. Les trois débats portant sur l’isolement social visaient, en creux, à questionner le rôle de l’Etat en matière de social et celui des bénévoles, dans un contexte où l’engagement change progressivement de visage.
Avec 16 millions de bénévoles, 1,3 million d’associations, 2 millions de salariés, jamais, selon Bertrand Sorre, député LREM et coprésident du groupe d’études « vie associative et bénévolat » à l’Assemblée nationale, la France n’a compté autant de bénévoles ni autant d’associations. « On a l’avantage d’être nombreux, d’avoir le savoir-faire, mais il manque des éléments de mise en discussion, analyse Jean-François Serres, vice-président du Mouvement associatif. Nous restons cloisonnés dans nos champs d’action, sans toujours réussir à en sortir. »
« Il faut déranger nos propres habitudes, questionner nos pratiques et à s’inspirer les uns les autres, explique Philippe Jahshan, président du Mouvement associatif. Les associations ont besoin de s’adapter en permanence face aux nouvelles formes d’engagement et aux enjeux sociétaux comme le genre. »
Depuis les années 2000, le secteur a pris un virage avec la montée de l’économie sociale et solidaire et l’irruption des financeurs et des entrepreneurs. Une « nécessité », selon Marie Alméras, chargée de mission auprès du directeur de la stratégie et de l’innovation de la Croix-Rouge, afin de dégager des revenus pour être autonomes vis-à-vis de l’Etat dans un contexte d’érosion des deniers publics. « Les moyens ne sont clairement pas à la hauteur alors que le cahier des charges ne cesse de s’alourdir, confirme Philippe Jahshan. On doit diversifier nos sources de financement, rendre des comptes, avoir des salariés et des bénévoles toujours plus professionnels, alors que rares sont les associations qui bénéficient du dispositif local d’accompagnement. » Des considérations qu’il espère faire remonter grâce, notamment, à l’invitation d’élus aux prochains colloques.