« Ces dernières années, la sémantique a quelque peu changé. Avant, on ne parlait que de la prise en charge de la personne âgée. Désormais, on parle à la fois de sa prise en charge et de son accompagnement. Et, nous, en tant que cadres, directeurs, nous nous posons régulièrement la question suivante : comment faire en sorte pour que la réponse aux besoins et aux souhaits des personnes âgées soit la première préoccupation des professionnels ? », s’interroge Claire Coquet, directrice adjointe d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) à Nîmes.
Et de dresser un premier constat : « Il y a une organisation collective des services (repas, lever, coucher, siestes) qui se retrouve très généralement en opposition aux besoins individuels des personnes accueillies. » « Nous sommes confrontés à un second conflit avec l’organisation du temps : le résident est sans cesse dans l’attente, déplore la directrice adjointe de la Maison de santé protestante. Il attend son petit-déjeuner, son repas, l’animatrice, la visite de ses enfants et petits-enfants… En parallèle, les professionnels, les soignants, eux, sont en manque de temps. On se concentre sur toutes les tâches à effectuer dans le temps imparti sans avoir, souvent, la possibilité de consacrer un temps d’écoute nécessaire à l’accompagnement. »
Selon Claire Coquet, « donner du sens à l’accompagnement et aux projets de vie repose principalement sur le travail d’équipe, composée de multiples professionnels : les soignants, les non-soignants, les agents de service, les accompagnants… ». « Tout le monde a besoin de participer au projet de vie de la personne âgée, de la connaître, de connaître ses habitudes et envies, poursuit-elle. L’important est d’identifier tous ensemble une ligne directrice dans l’accompagnement des personnes, de communiquer pour savoir ce que l’on accepte ou non. Il faut donc agir sur le collectif de travail, fédérer les équipes. »
« Définir un projet de vie permet de fixer ses objectifs, ses possibles mais aussi ses limites car il faut avoir l’honnêteté de dire que l’on n’est pas en capacité de tout faire dans les EHPAD, que l’on ne peut pas répondre à toutes les demandes, assure-t-elle encore. Si l’on part dans des rêves irréalisables car l’EHPAD ne le permet pas, le sentiment de solitude ou de dépression du résident sera aggravé. »