Les Français se plaignent souvent d’avoir du mal à trouver un médecin. Pourtant, selon la dernière étude de la DREES (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) publiée le 3 mai, il n’y en a jamais eu autant. Précisément, la France compte 226 000 médecins en activité en 2018, soit 1 500 de plus qu’en 2017 (+ 0,7 %) et 10 000 de plus qu’en 2012 (+ 4,5 %). Mais tous les médecins ne sont pas logés à la même enseigne. Ainsi, toujours selon le service des statistiques du ministère de la Santé, les effectifs des médecins hospitaliers et de spécialistes (hors généralistes) sont particulièrement dynamiques. En revanche, le nombre de généralistes « stagne » et diminue même chez les libéraux.
« Depuis 2012, le nombre de médecins a augmenté de 4,5 %, et cette hausse est essentiellement portée par les médecins spécialistes (+ 7,8 %) et les salariés (+ 11,1 %). Les effectifs de généralistes ont très peu évolué (+ 0,7 %). Le nombre de généralistes exerçant en libéral a même diminué de 2 %, alors que les spécialistes salariés sont de plus en plus nombreux (+ 13,9 %) », détaille Muriel Barlet, sous-directrice de l’observation de la santé et de l’assurance maladie à la DREES.
Cette étude montre aussi qu’en matière d’accès aux médecins généralistes, « les inégalités de densités départementales n’ont pas augmenté depuis les années 1980. En 2016, 98 % de la population réside à moins de 10 minutes du généraliste le plus proche. » « Les disparités d’accès qui existent malgré tout ne sont pas liées à des disparités régionales mais à des différences marquées selon le type d’espace, indique encore la DREES. C’est en effet dans les communes rurales des périphéries des grands pôles et dans les communes hors influence des pôles que la part de la population ayant l’accessibilité la plus faible aux médecins généralistes est la plus grande. »
Enfin, cette étude révèle que « les personnes âgées n’ont pas moins accès aux médecins généralistes que le reste de la population ». « Alors que les personnes âgées de 70 ans ou plus ont recours 2,3 fois plus aux médecins généralistes, 4 fois plus aux masseurs-kinésithérapeutes et près de 15,8 fois plus aux infirmiers que les personnes plus jeunes, en matière d’accessibilité géographique aux médecins généralistes, elles ne sont pas moins bien loties que les autres », analyse Muriel Barlet.
Selon une autre étude de la DREES publiée le 3 mai, « avec 600 000 praticiens en activité, les infirmiers sont, eux, de plus en plus nombreux (+ 3 % par an depuis 15 ans), en raison notamment de l’allongement de la durée de carrière et d’une augmentation des quotas ». « Dans l’hypothèse de comportements constants et d’un maintien des politiques en vigueur », ce nombre devrait passer à 881 000 en 2040, soit 53 % de plus qu’en 2014. Mais avec le vieillissement attendu de la population, « les besoins en soins infirmiers augmenteront autant que les effectifs » : « En effet, quand on commence à prendre en compte le vieillissement de la population, le rapport offre/demande est plutôt stagnant car ce sont essentiellement les personnes âgées qui consomment des soins infirmiers (sept fois plus que le reste de la population). »