Ce comité, chargé de se prononcer sur toutes les demandes d’évacuation sanitaire au départ de Mayotte, est composé de quatre personnes : un médecin de l’agence régionale de santé, deux médecins du centre hospitalier de Mayotte et le médecin-conseil de la sécurité sociale(1), qui préside. Nous nous réunissons une fois par semaine pour examiner toutes les demandes formulées par des médecins pour leurs patients, et nous donnons un avis à la fois sur la pertinence de l’évacuation mais aussi sur les conditions de réalisation.
Le comité donne uniquement un avis médical, le reste de la prise en charge est administrative. Pour cela, il y a au sein du centre hospitalier de Mayotte un service qui organise les transferts sur le plan pratique de la logistique médicale – billets, accompagnement, civières, ambulances… C’est ce même service qui s’occupe d’obtenir les laissez-passer auprès de la préfecture, pour les patients en situation irrégulière. Il se charge aussi de faire affilier les gens lorsque cela est possible, ou de faire en sorte qu’ils soient accompagnés par leurs parents.
C’est un secteur extrêmement sensible et très tendu. Il y a beaucoup de personnes en situation compliquée, donc beaucoup de demandes, donc beaucoup de boulot. C’est un travail très spécifique et très prenant. Cela pose toutefois un certain nombre de problèmes avec les Mahorais, qui nous reprochent d’en faire beaucoup pour les étrangers pendant qu’eux ne reçoivent pas de soins. On est conscients que notre activité n’est pas toujours acceptée ou comprise, mais on essaye de travailler en tant que médecins, avec une vision uniquement médicale de la chose, sans considération de nationalité.
C’est très variable en fonction du type d’évacuation. Pour un patient autonome qui attend une opération ne pouvant être réalisée près de chez lui, ça va coûter le prix d’un billet d’avion aller-retour. Mais si on a besoin de matériel spécifique, comme une civière, du matériel de réanimation ou un médecin, on sera plutôt autour de 15 000 € si c’est vers La Réunion, 30 000 € vers la métropole. A noter que c’est la sécurité sociale qui prend en charge le transport et les frais dans le cas d’un patient affilié. Pour les patients non affiliés, le transport est à la charge du centre hospitalier de Mayotte et les soins sont payés par l’hôpital receveur.
On refuse environ 20 % des demandes parce qu’on estime que les soins nécessaires sont réalisables à Mayotte, ou que la pathologie ne met pas en jeu le pronostic vital. Le reste représente à peu près 1 000 évacuations sanitaires annuelles. Sur ce millier, il y en a à peu près un gros tiers pour des patients non affiliés à la sécurité sociale. Le nombre d’Evasan augmente d’environ 10 % par an, en raison de plusieurs facteurs. L’évolution de la médecine, notamment, a augmenté le nombre de cas où les soins nécessitaient un examen. Il y a aussi plus de recommandations pour la prise en charge de certains symptômes. L’amélioration du système de santé a aussi entraîné une hausse des pathologies détectées. Et puis la population augmente à Mayotte, il y a plus d’étrangers en situation irrégulière aussi, donc plus de demandes.
(1) A Mayotte, l’évacuation sanitaire est définie comme une offre de soins de la sécurité sociale.