En 1968, j’étais cheffe de clinique en gériatrie. J’ai connu des salles d’hospice où il y avait 40 lits les uns à côté des autres et trois lavabos dans un couloir. Ces établissements récupéraient les personnes âgées plutôt indigentes et les personnes handicapées vieillissantes. Fort heureusement, progressivement, il y a eu une médicalisation qui a permis une transformation de ces hospices en unités de long séjour en hôpital. Il y a eu également une amélioration des aides aux personnes âgées. Aujourd’hui, ces aides sont insuffisantes pour les personnes qui sont dans la grande dépendance, mais elles sont tout de même plus conséquentes qu’en 1968.
Effectivement, le nombre de personnes âgées augmente mais manifestement le vieillissement, dans tous les sens du terme, diminue. A âge égal, les personnes sont moins abîmées qu’elles l’étaient à l’époque. Seules 1,2 million de personnes sont dépendantes aujourd’hui, cela représente 8 % des 65 ans et plus. La majorité des personnes entre 60 et 70 ans, et même maintenant entre 70 et 80 ans, sont autonomes et très impliquées dans la société. Elles jouent un rôle social, à travers notamment leur implication associative. Elles ont également un rôle économique majeur et participent à la vie de famille en étant des grands-parents actifs.
Pendant longtemps, le problème de la gériatrie était l’absence d’universitarisation. En fac de médecine, cette spécialité n’était enseignée ni par les neurologues, qui ne s’y intéressaient pas à l’époque, ni par les psychiatres, ni par les professeurs de gériatrie, qui n’étaient pas assez nombreux. Aujourd’hui, les progrès sont évidents, il y a des services de gériatrie répartis dans tous le pays, et la majorité de ces services sont équipés en structures différentes : des lits de soins aigus, de rééducation et de long séjour, très souvent un hôpital de jour, une consultation mémoire. Cela permet d’offrir aux personnes âgées l’éventail de leurs besoins. Cela aura pris trente ans.