Profession : aidant d’aidants

Dans la galaxie des métiers du secteur social et médico-social, il manquait un professionnel de l’accompagnement de l’aidant. C’est chose faite avec le technicien coordinateur de l’aide psychosociale à l’aidant (TCAPSA)(1).

Sarah Mayorgas exerce ce métier de TCAPSA au sein de l’équipe de soutien aux aidants à domicile (ESAD) du service DomCare de la fondation Bagatelle, la Maison de santé protestante de Bordeaux (Gironde)(2). « Mon rôle est à mi-chemin entre celui du psychologue et celui de l’assistante sociale et consiste à être le référent au long cours, l’interlocuteur privilégié de l’aidant pour l’informer, l’accompagner dans ses démarches concernant le maintien à domicile de son proche, proposer des solutions adaptées aux besoins du couple aidant-aidé, des solutions de répit », explique la jeune femme. « Le TCAPSA est le porte-voix, l’aiguilleur, le passeur, l’orientateur vers tel ou tel service pour l’aidant », égrène Olivier Frézet, directeur du service DomCare de la fondation Bagatelle. « L’accompagnement de l’aidant s’inscrit dans une logique de coconstruction. Il ne faut pas être dans la verticalité mais dans l’horizontalité et partir du projet de vie de la personne âgée dépendante elle-même et de celui l’aidant », ajoute-t-il.

Placée en première ligne dans l’accompagnement des aidants, Sarah Mayorgas travaille en étroite collaboration avec l’ensemble de l’équipe de l’ESAD, une assistante sociale, une psychologue, un ergothérapeute et une secrétaire.

« Ce sont parfois les aidants eux-mêmes qui nous contactent directement, mais aussi les médecins généralistes, les pharmaciens, les professionnels de santé libéraux qui interviennent au domicile. Mon rôle consiste à intervenir en amont des situations d’épuisement de l’aidant, mais dans 90 % des cas de signalement, l’aidant est déjà en détresse », poursuit Sarah Mayorgas. Or, l’épuisement physique et moral de l’aidant est la première cause d’hospitalisation en urgence de la personne aidée.

Partant de ce constat, l’équipe de soutien aux aidants à domicile a mis en place une grille de repérage visant à dépister le plus précocement possible un aidant en situation de fragilité afin de prévenir l’épuisement. « Il s’agit d’un outil de transmission très simple. A partir de 9 items, auxquels le professionnel ne peut répondre que par “oui” ou “non”, ce dernier peut repérer les situations de risques d’épuisement de l’aidant. Nous avons testé cette grille au niveau de notre SSIAD [service de soins infirmiers à domicile]. Sur 32 évaluations d’aidants, 28 sont supérieurs à 2 “oui”, ce qui signifie donc des situations d’épuisement. Ces informations ont été remontées à l’ESAD et 86 actions pour répondre aux besoins des couples aidants-aidés ont été déclenchées », explique Olivier Frézet.

Depuis sa création en 2014, l’équipe de soutien aux aidants à domicile, qui fait partie du « programme personnes âgées en risque de perte d’autonomie » (Paerpa) de Bordeaux, est intervenue dans 600 situations.

« L’avantage est que l’ESAD est une équipe légère, pluridisciplinaire, capable d’apporter du liant entre les différents acteurs du parcours de soins de la personne âgée. Il faut en finir avec “les mammouths” et essaimer, sur le territoire, ce type d’équipe légère, capable d’intervenir rapidement à domicile pour prévenir les situations d’épuisement des aidants à domicile », juge Olivier Frézet. Message reçu du côté de la Bretagne. En octobre 2017, l’association Assia Réseau Una a mis en place, à son tour, à Rennes (Ille-et-Vilaine)(3), une équipe pluridisciplinaire d’accompagnement des aidants à domicile composée d’une psychologue de la santé et d’un TCAPSA.