Pour rassurer sur les conditions d’attribution des logements sociaux, la mairie de la capitale fait le pari de la transparence. A partir de juin, deux Parisiens tirés au sort pourront siéger une fois par semaine à la commission « logement » du Conseil de Paris, composée habituellement d’élus et de représentants d’associations. Ils participeront à la présélection en vue de l’attribution d’une habitation à loyer modéré (HLM). L’instance désigne trois dossiers selon des critères préétablis et les transmet ensuite au bailleur social à qui revient la décision finale.
Si le rôle de ces deux citoyens est donc à relativiser, il n’en est pas moins symbolique, selon Ian Brossat, adjoint PCF au logement d’Anne Hidalgo, maire de Paris : « Les gens continuent de considérer que le mode d’attribution des HLM est encore très opaque. Je le regrette, notamment parce qu’à Paris on a énormément réformé le domaine depuis quatre ans », plaide-t-il. Une idée reçue qui a la vie dure, alimentée notamment par les passe-droits dont ont usés certains élus. « Nous n’avons rien à cacher, donc je ne vois pas pourquoi on empêcherait les Parisiens, qui contribuent au financement des logements sociaux avec leurs impôts, de participer aux décisions prises dans ce domaine », défend Ian Brossat.
Taxée d’entreprise démagogique par ses détracteurs, l’initiative inquiète certains bailleurs sociaux qui craignent le non-respect de la confidentialité de données sensibles contenues dans les dossiers telles que le salaire, la situation familiale ou l’ancienne adresse des locataires. Des critiques que l’adjoint de la maire de Paris balaie d’un revers de la main : « L’anonymisation des dossiers est garantie depuis 2014. De plus, il y a 200 000 demandes de HLM à Paris, il est peu probable que les Parisiens siégeant à la commission tombent sur des connaissances. » Autre filtre garantissant la bonne marche du système d’attribution : la cotation, d’ailleurs reprise par le gouvernement dans le projet de loi sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN). Un système de points qui permet de classer les dossiers au préalable par ordre de priorité.
Car l’élu l’assure, c’est avec ce genre d’initiatives que « les a priori finissent par tomber ». Chaque semaine, les Parisiens tirés au sort via un formulaire en ligne, auront à examiner une moyenne de 60 logements. Si le test est concluant, l’initiative sera définitivement mise en place dès septembre.