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« Nous ne laisserons personne de côté »

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Nommée, vendredi 27 avril, déléguée interministérielle chargée de la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l’autisme, Claire Compagnon a devant elle un chantier colossal : veiller à la mise en application d’une politique qui se veut inclusive à l’égard des personnes autistes dans l’habitat, à l’école comme au travail. Entretien.
En quoi cette nouvelle stratégie permettra-t-elle de changer la donne ?

Sophie Cluzel [secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées] porte des changements forts. Si le 3e plan « autisme » (2013-2017) se concentrait sur la création de places en établissements médico-sociaux, notre stratégie met, elle, des moyens pour le soutien à la pleine citoyenneté des personnes autistes, à travers des mesures concernant l’école et le travail. Nous voulons apporter des réponses diversifiées. C’est pourquoi nous demandons aux établissements de réfléchir à des services qui soient plus larges : des offres d’hébergement mais aussi des colocations sociales où des Samsah [services d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés] et des auxiliaires de vie scolaire pourraient intervenir. De même pour l’école. Il s’agira de proposer des modes de scolarisation adaptés aux besoins, allant d’un accompagnement renforcé à une place en ULIS [unité localisée pour l’inclusion scolaire], par exemple. L’idée c’est aussi de rapprocher les professionnels du médico-social de ceux des milieux ordinaires : professeurs, chefs d’entreprise, pour les soutenir dans leurs pratiques. C’est toute la façon de concevoir l’accueil des autistes dans notre société qui doit changer, mais cela va prendre du temps.

Que répondez-vous à ceux qui disent que cette stratégie laisse de côté les autistes moins autonomes ?

Nous ne laisserons personne de côté. Les 100 millions budgétés pour le repérage précoce concernent tous les enfants, quel que soit le niveau de trouble. Les 150 unités d’enseignement en maternelle autisme sont prévues pour les enfants les plus handicapés, ceux qui ne peuvent suivre une scolarité en milieu ordinaire. Et c’est aussi toute la question des places en établissement, dont le manque suscite beaucoup d’inquiétudes. Certaines personnes autistes auront en effet besoin d’un accompagnement sept jours sur sept. 55 millions de crédit hérités du 3e plan permettront la création de 1 500 nouvelles places. Mais cela ne se fera pas immédiatement : créer un établissement nécessite de longues procédures. Les places seront créées en 2018, 2019 et 2020.

Quelle place pour les associations dans cette stratégie ?

A travers le comité de suivi consultatif, dont la constitution n’est pas encore arrêtée, les personnes autistes et les associations pourront donner leur avis, elles participeront également à un certain nombre de groupes de travail. J’espère que la concertation qui a permis de coconstruire la stratégie nationale pour l’autisme va se poursuivre grâce au comité et que les associations vont continuer à être parties prenantes. En tout cas, c’est mon souhait le plus sincère.

Les moyens seront-ils à la hauteur ?

350 millions d’euros mis dans cette lutte, c’est un effort considérable au vu du contexte de restriction budgétaire. Ces moyens sont d’ailleurs plus larges que ceux accordés par le précédent plan. D’autre part, le fait d’avoir créé une délégation interministérielle, c’est assez fort politiquement. Il s’agit d’un organe de gouvernance à la fois stratégique et opérationnel : on suivra étroitement la mise en application des mesures, que nous ferons probablement évoluer au fur et à mesure que les connaissances scientifiques avanceront sur l’autisme.

Quels changements peut-on espérer rapidement ?

Dès la rentrée prochaine, des mesures seront mises en application pour la scolarisation des enfants, notamment concernant le repérage précoce de troubles. La formation des professionnels sera renforcée très prochainement. On peut tabler sur une mise en place de la plateforme d’intervention et de coordination, et du « forfait intervention précoce » dès 2019 pour financer des bilans en psychomotricité, par exemple, ce qui peut coûter très cher aux parents. On sait aujourd’hui qu’une prise en charge précoce permet d’éviter ensuite le sur-handicap.

Repères

Juriste de formation spécialisée en droit de la santé, Claire Compagnon est entrée dans le monde associatif en devenant directrice générale adjointe de l’association Aides puis directrice du développement à la Ligue nationale contre le cancer. Elle est nommée à l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) en mars 2015 : c’est la première fois que l’institution accueille une représentante des usagers en son sein. Elle y a mené pendant trois ans des travaux sur l’autisme dont une évaluation du 3e plan. Elle a ensuite été nommée par Sophie Cluzel pour coordonner l’élaboration de la stratégie nationale pour l’autisme.

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