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« On a vraiment tout ce qu’il faut »

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Notre reporter – qui n’était pas né en 1968 – a imaginé les reportages qu’il aurait pu faire cette année-là. Aujourd’hui, il est allé à la rencontre de Francis M., un homme jeune, marié, plusieurs enfants – un « chef de famille », comme on disait à l’époque – cadre moyen dans une entreprise de la région parisienne, qui lui explique comment il vit pendant ces magiques « Trente Glorieuses ».
De notre envoyé spécial en… 1968

« J’ai l’impression que la fin de la guerre, c’était hier. Beaucoup de choses ont été reconstruites. J’avais jamais vu un marché du travail aussi tendu pour les patrons. Ils n’hésitent pas à débaucher des salariés en augmentant leur salaire de 15 à 20 %. Même moi, qui était parti de rien ou pas grand-chose, j’ai une vie bien plus confortable par rapport à ce que mes parents ont connu.

J’habite avec ma petite famille dans un appartement HLM tout neuf du Petit-Clamart, là où c’est presque encore la campagne. On a une salle de bains rien qu’à nous. Pour un campagnard comme moi, né au « cul des vaches », ça change ! On a même pu se payer le luxe d’acheter une voiture pour partir aux sports d’hiver en décembre prochain. J’ai hâte d’essayer cette nouvelle mode.

A propos de mode, y’a un nouveau chanteur qui vient d’arriver. Un certain Johnny Hallyday. Au Royaume-Uni, ils font du rock, et les gosses écoutent que ça. Perso, je préfère écouter Bécaud et Brel. Mais bon, les jeunes… Au cinéma, La Grande Vadrouille a fait un carton. Un film humoristique sur l’Occupation, il fallait oser.

Mais si cette vie paraît idyllique, je m’inquiète un peu pour nos enfants. Surtout nos deux plus vieux, qui vont entrer en fac l’année prochaine, à Nanterre. Je suis content qu’ils puissent faire des études, c’est sûr, mais quelque chose me dit que leur comportement va changer. On a régulièrement des débats en famille, et je sens bien que ça leur donne pas trop envie de bosser quarante-huit heures par semaine, parfois plus. Ils cherchent d’autres aspirations.

J’ai un peu de mal à comprendre. On a vraiment tout ce qu’il faut, aujourd’hui. Et chaque jour, une nouvelle invention arrive. La meilleure, selon moi : le couteau électrique. Vraiment pratique pour couper le gigot du dimanche ! Et je parle même pas de l’ouvre-boîte électrique…

Il paraît que cette période de croissance qui nous paraît infinie ne va pas durer… On verra bien. »

1968-2018

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