Demander conseil à un dermatologue grâce à un appel vidéo, faire un suivi avec un chirurgien après une opération ou encore consulter un spécialiste bordelais depuis un cabinet parisien, autant d’actes prévus par la loi « hôpital, patients, santé et territoires » de juillet 2009. Pourtant, dans les faits, pour l’heure, la télémédecine est seulement en phase d’expérimentation. Saisie par le ministère de la Santé pour savoir quels actes de téléconsultation (examen médical par visioconférence) et de télé-expertise (demande d’avis entre praticiens) l’assurance maladie devrait être remboursés ou non, la Haute Autorité de santé (HAS) vient de rendre ses conclusions. Sa réponse : tous peuvent l’être. « Aucune situation clinique ne peut être exclue a priori », a-t-elle indiqué, précisant que l’ouverture de la téléconsultation à tous les Français devrait se faire le 15 septembre.
Une décision qui réjouit le Dr Pierre-Marie Coquet, président du Syndicat des médecins coordonnateurs en EHPAD (SMC-Ehpad) : « Quand vous avez un patient, résident en EHPAD [établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] ou non, qui a du mal à se déplacer parce que grabataire ou en fauteuil roulant, si on peut lui éviter de prendre les transports… Pour moi, la télémédecine est une avancée. C’est l’avenir. La réponse du médecin sera exactement la même que le patient soit physiquement présent ou pas. Ce n’est que du gagnant-gagnant. »
« Pour autant, la télémédecine doit s’organiser. Doucement, sûrement », indique-t-il avant d’ajouter : « Dans les EHPAD, si vous avez besoin d’avoir un avis de spécialiste et qu’il n’y en a pas dans l’établissement, c’est quand même beaucoup plus simple d’avoir recours à la télé-expertise. Le spécialiste en question, qu’il soit à Bordeaux, Paris, Lyon ou Marseille n’aura qu’à se connecter et écouter les symptômes détectés pour établir un diagnostic. »
Dans ses conclusions, la HAS a tout de même délimité des critères à respecter. Premier d’entre eux : la téléconsultation « n’est pas adaptée aux situations exigeant un examen physique direct par le professionnel médical consulté ». Ensuite, le patient doit pouvoir bénéficier de cette téléconsultation, avec un état de santé compatible, et une certaine aisance face aux technologies employées. Eventuellement, il peut être assisté par un proche, un interprète, ou un personnel de santé.
La télé-expertise serait-elle réservée « dans un premier temps » à des patients jugés prioritaires, notamment ceux vivant en zones sous-dotées en médecins, ou atteints d’une affection longue durée ?