Nous sommes là pour répondre à une demande parlementaire sommant le gouvernement de faire le point sur les difficultés d’accès aux soins de ces populations, en ciblant certains soins (dentaires, ophtalmiques…) identifiés dans des rapports précédents, notamment ceux de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé. On ne part pas de rien.
Notre objectif n’est pas de faire un énième rapport de constats mais plutôt de mettre en avant les idées fortes, s’appuyer sur les multiples propositions qui existent en soulignant les obstacles.
Il existe des difficultés d’ordre financier, mais aussi sur la réalité de l’offre. Nous avons deux mois pour trouver les leviers qui permettront d’avancer et faire des propositions opérationnelles. Etant chirurgien, mon objectif est de faire un rapport chirurgical : c’est le pragmatisme et l’action qui priment.
Nous allons rencontrer l’ensemble des protagonistes, du champ associatif, les représentants d’usagers, les gens de terrain ainsi que les directions, et éplucher la littérature abondante qui existe sur le sujet.
A l’heure actuelle, il est dur d’avoir une cohérence entre le parcours de soins et le parcours médico-social. Il y a une vision segmentée entre ce qui revient à la Caisse nationale d’assurance vieillesse et ce qui revient à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie. Cela pose des problèmes pour analyser la réalité d’un parcours de santé avec les zones de rupture que cela comporte.
Les parcours sont très axés sur le sanitaire dans le traitement et pas assez sur la prévention. L’énorme enjeu du handicap est de réintégrer de façon forte cette thématique dans le parcours. La dynamique doit être collective, et le maillage entre l’ensemble des acteurs doit être amélioré.
Il y a aussi un vrai besoin de visibilité de l’offre, dans une optique d’acceptabilité pour la personne en lui fournissant une information claire afin qu’elle comprenne son intérêt. Dans un système de tarification à l’acte, comment intégrer le temps long ? Le handicap ne fait pas partie des consultations dites « complexes », il y a une vraie réflexion à mener.
Je me suis posé la même question, mais cela a du sens. Beaucoup de personnes handicapées sont en situation de précarité, et un certain nombre de handicaps peuvent être source de précarité. C’est une cause-conséquence. Des réponses peuvent être cohérentes pour ces deux populations pour lesquelles il y a de l’interpénétration.
C’est une mission courte. Nous disposons de seulement deux mois, le rapport devra être remis fin juin-début juillet.
Il y aura des points d’étapes avec les deux cabinets ministériels pour pouvoir travailler efficacement, surtout sur le chiffrage de certaines propositions.
Le gouvernement veut aller vite pour qu’on avance, ce qui nous convient car nous sommes des gens de l’opérationnel, « dans le dur ». Si on veut une politique ambitieuse pour l’ensemble de la population, se demander s’il n’y a pas un certain nombre de personnes en exclusion des dispositifs de santé est essentiel.
Chirurgien un jour… Chirurgien orthopédique de grande renommée, le Dr Philippe Denormandie a eu un parcours ponctué de responsabilités syndicales et managériales importantes. Au début des années 1980, il est le leader charismatique des internes de CHU qui mènent la fronde contre les réformes de la formation et de l’hôpital que les gouvernements de François Mitterrand veulent imposer. On le retrouve quelques années plus tard à la direction de la communication des Hôpitaux de Paris. Au tournant des années 2000, il est directeur médical du groupe Korian. A ce poste, sa priorité sera de développer le concept de bienveillance et de bientraitance des personnes vulnérables. Il jouera un rôle important dans la création de l’Institut du bien-vieillir. Depuis 2016, il est en charge des relations santé à la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH). Ces fonctions de gestionnaire et de consultant ne le feront pas abandonner la pratique médicale. Il n’a jamais cessé d’opérer. Chirurgien un jour, chirurgien toujours…