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Le danger vient de l’intérieur

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La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) vient de publier un guide intitulé « Prévention du risque de dérives sectaires en établissements sanitaires et médico-sociaux » qui fait le point sur ce phénomène dans ces établissements et propose des actions à leur directeur pour lutter contre ces dérives dans leurs murs.

La Miviludes reçoit 2 500 signalements de dérives sectaires par an dont « plus de la moitié d’entre eux le sont dans le domaine de la santé », détaille Chantal Gatignol, conseillère santé au sein de la Miviludes. Et d’ajouter : « Toutefois, il est compliqué de chiffrer les dérives sectaires dans les établissements sanitaires et médico-sociaux car nous n’avons que peu de témoignages. Difficile en effet pour un directeur d’établissement de confier qu’il y a des dérives au sein de sa maison de retraite par exemple. »

S’il n’existe aucune définition juridique de la secte, selon la Miviludes, « la dérive sectaire est un dévoiement de la liberté de pensée, d’opinion ou de religion qui porte atteinte aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l’intégrité des personnes, à l’ordre public, aux lois ou aux règlements ». « Dit autrement, la dérive sectaire, c’est l’intentionnalité d’exercer une emprise sur une personne vulnérable, sachant que la vulnérabilité n’est pas un état constant mais un état passager (le plus souvent dans des situations de deuil, perte d’emploi, séparation, départ à la retraite, maladie…) », explique Catherine Picard, présidente de l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Unadfi).

Aider à identifier la menace

Cette ancienne députée socialiste, et coauteure de la loi « About-Picard » de 2001 visant à renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l’Homme et aux libertés fondamentales, le confirme : « Il existe très peu de témoignages de dérives sectaires dans les établissements sanitaires et médico-sociaux parce que, dans ces établissements, le trait majeur des personnes âgées et malades, donc reconnues comme pénalement vulnérables, c’est l’isolement. La dérive sectaire qui peut y être exercée se confond majoritairement avec de la maltraitance. »

S’il n’y a que peu de témoignages, « les personnes âgées, en raison de leur santé, de leur isolement ou de leur perte d’autonomie, peuvent être plus facilement la proie de personnages peu recommandables », estime Chantal Gatignol. « C’est pourquoi nous venons de publier ce guide pratique à l’intention des directeurs, afin qu’ils puissent savoir si leur établissement est sujet à des failles, des possibilités d’entrée de ces risques de dérives sectaires. »

Le Reiki, technique japonaise de guérison

Concrètement, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires pointe quatre grands risques d’infiltration des dérives sectaires dans les établissements sanitaires et médico-sociaux :

→ les risques liés aux personnels. Certains professionnels peuvent véhiculer au sein de l’établissement un discours, des théories ou des méthodes en lien avec le mouvement auquel ils appartiennent ou qui les ont formés ;

→ le risque provenant de l’établissement lui-même. Des directions d’établissements peuvent construire le projet de service en s’appuyant sur des méthodes non reconnues par les pouvoirs publics ;

→ le risque provenant de l’entourage de la personne. Ce risque est d’autant plus prégnant que le membre de la famille ou le proche est lui-même tuteur ou curateur de la personne protégée ;

→ le risque lié aux personnes extérieures à l’établissement (bénévoles ou organisations qui se livrent à du prosélytisme). Les résidents peuvent également être approchés par des mouvements sectaires à l’occasion d’activités extérieures individuelles ou organisées par l’établissement.

Les pratiques de soins non conventionnelles comme le Reiki, technique japonaise de « guérison » par imposition des mains, et la kinésiologie, discipline « psycho-corporelle » inspirée par la médecine chinoise, sont considérées comme « particulièrement inquiétantes » par la Miviludes. De même, au rayon bien-être, le guide attire l’attention sur la hausse de fréquentation des salons bio-zen, où sont présentés notamment des stages « jeûnes et randonnées » qui « peuvent s’avérer dangereux pour des personnes porteuses de pathologies ou de fragilités ». Sans parler des « régimes alimentaires extrêmes » comme « l’instinctothérapie », ou la seule consommation d’aliments crus sélectionnés sur leur odeur, et le « respirianisme » affirmant que l’être humain peut se nourrir uniquement d’air et de lumière…

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