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« Cela va nourrir notre culture de la vigilance »

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Selon Annabelle Vêques-Malnou, directrice de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa), les structures ne sont pas en ligne de front face aux dérives sectaires, mais prudence est mère de sûreté.
Etes-vous beaucoup concernés par les dérives sectaires à la Fnadepa ?

Nous n’avons pas de demandes directes d’adhérents sur ce point. Je pense que cela vient du fait que beaucoup sont des directeurs d’établissement, pour une minorité de services à domicile. En établissement, la vigilance est très importante et le nombre de professionnels au contact des résidents rend l’émergence du phénomène plus difficile. Le risque existe, mais il est beaucoup plus important à domicile, avec l’isolement, la fragilité, l’emprise mentale et la mise sous influence.

Le guide de la Miviludes est pourtant à destination des établissements sanitaires et médico-sociaux.

Nous avons effectivement fait passer l’information à nos adhérents sur la base notamment du questionnaire d’évaluation des risques d’abus, de maltraitance et de négligence sur une personne âgée. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires [Miviludes] a une expertise reconnue depuis de nombreuses années, le document a l’air complet et balaye de nombreux champs.

Nous n’avons pas eu de retour pour le moment, mais cela va nourrir notre culture de la vigilance.

Le guide liste quatre principaux modes d’entrée de la dérive sectaire dans les établissements(1). Sont-ils pertinents ?

Les structures sont des lieux de vie, avec une liberté d’aller et venir importante. Il y a donc un risque que des personnes étrangères à la structure n’y entrent, que l’entourage soit malveillant, que le personnel n’ait pas la bonne formation, et plus rarement que les établissements n’appliquent pas la bonne méthode. Mais certaines initiatives non reconnues partent du terrain, beaucoup de projets sont mis en place sans être labélisés par l’Etat et sans constituer une dérive sectaire.

Faites-vous référence à des projets de médecine alternative ?

La question ne se pose pas à l’échelle de nos adhérents, mais à l’échelle de l’usager qui choisit d’aller voir une personne utilisant des processus alternatif. Dans les établissements, avec le calibrage des forfaits « soins » et « dépendance », la question ne se pose pas. Je ne connais pas les pratiques recensées dans ce guide, mais l’« humanitude », un espace Snoezelen, ou la méthode « Montessori » apportent leur lot d’éléments positifs. Ce n’est pas parce que la pratique n’est pas recensée par la Haute Autorité de santé qu’il y a forcément un risque de dérive sectaire.

Certaines personnes dont les pratiques sont listées par le guide comme susceptibles de dérives sectaires reprochent d’ailleurs à la Miviludes de faire dans le « fourre-tout ».

C’est tout le problème auquel nous sommes confrontés. Des méthodes se répandent, dont certaines sérieuses, alors que d’autres vont être dans cette dérive. La difficulté pour le citoyen est de faire le tri. Le meilleur moyen d’éviter tout soupçon est de mettre en œuvre des études et de prouver scientifiquement que ces méthodes ont un intérêt. Mais il ne faut pas tomber dans l’excès de voir de la dérive sectaire partout. Les professionnels savent mettre en place des thérapies innovantes sans faire appel à des guérisseurs ou autres marabouts.

Avez-vous un catalogue des formations reconnues, ou des formations « blacklistées » pour vos adhérents ?

A quel titre, et avec quelle légitimité ? Ce serait extrêmement difficile à mettre en place. Il existe en France des milliers de formation dont la majorité ne pose pas de problème. D’autant plus que la menace est insidieuse, personne n’arrive en disant : « Je vais vous laver le cerveau et vous emmener dans mon mouvement. »

Notes

(1) Voir ce numéro p. 6 et 7.

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