La directive-cadre européenne relative à la sécurité et à la santé au travail adoptée en 1989 sur la dynamique de prévention de la santé au travail est à l’origine de toutes les politiques de santé au travail. Et que dit ce texte ? Il oblige les employeurs à prendre des mesures adéquates pour rendre le lieu de travail plus sain et sûr. La priorité en termes d’action est d’établir un diagnostic des risques auxquels sont soumis les salariés. Le lieu de travail est-il sain ? Voilà la question à laquelle doivent répondre les employeurs. Trop souvent, on a axé l’idée de la prévention de la santé au travail sur la visite médicale des salariés. Mais pour que les individus aillent mieux, il faut agir sur leur lieu de travail, sur le contexte de l’activité professionnelle, et non pas avoir une approche « hors sol ». La réforme de la médecine du travail a justement apporté une différenciation dans le suivi médical des salariés en fonction des risques, de l’âge, de l’état de santé[1]. La politique de prévention en santé dans le travail consiste à transformer des risques bruts en risques nets, c’est-à-dire en risques résiduels, en dessous d’un seuil de pénibilité. Mais il faut que cette réflexion soit menée conjointement entre managers et salariés. Le maître-mot est la coconstruction. En clair, le projet de santé au travail doit être intégré dans le projet d’établissement.
Le rapport « Gollac » a recensé six facteurs scientifiquement établis à l’origine des risques psychosociaux au travail : l’intensité du travail et le temps de travail, les exigences émotionnelles, le manque d’autonomie, la mauvaise qualité des rapports sociaux au travail, les conflits de valeurs ou la souffrance éthique, l’insécurité de la situation de travail. Une démarche d’action repose sur plusieurs étapes : informer et sensibiliser sur ces risques, identifier et repérer ces risques et les évaluer grâce au document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). A partir de ces étapes préalables, un plan d’actions peut alors être défini. Mais là également, l’efficacité du plan d’action repose sur la coconstruction avec les salariés. L’idéal est donc de mettre en place une commission des risques psychosociaux qui intègre la direction mais également des représentants des différents métiers de la structure.
Les services de santé au travail reposent sur une approche pluridisciplinaire : psychologue du travail, ergonome, technicien et ingénieurs hygiène, santé et environnement. Cette équipe, animée et coordonnée par le médecin du travail, a l’expertise nécessaire pour conseiller, accompagner les employeurs, les travailleurs dans la mise en œuvre d’une politique de prévention en santé du travail. Les services de santé au travail peuvent apporter des informations aux employeurs sur les risques liés aux différents métiers (aides-soignantes, infirmières…). Pour impulser une réelle dynamique de prévention en santé du travail, il faut que les branches professionnelles, y compris celles du secteur social et médico-social, fassent de cette problématique un projet politique dans le cadre d’un contrat d’objectifs et de moyens au niveau régional. Avec une mobilisation de moyens et de l’ensemble des organes concernés, la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail, la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, les services de santé au travail… Cela permet de sortir de la stigmatisation de tel ou tel établissement et d’entrer dans une démarche collective.