L’instrument, qui ressemble à une soucoupe volante façon Gaudí au milieu du salon, interpelle les badauds. Le bien nommé OMNI (objet musical non identifié) est une sculpture en mosaïque « composée d’une centaine de plaques métalliques qui font vibrer des capteurs déclenchant des sons enregistrés au préalable », explique Candan Cankaya-Xufré, directrice de la salle Capisco hébergeant la bête. « L’instrument n’était au départ pas prévu pour les personnes en situation de handicap, mais le créateur Patrice Moullet, en croisant des enfants d’institut médico-éducatif (IME), a compris qu’il pouvait être adapté pour l’éveil musical. » Cédric Villani, président de l’association Musaïques, y voit une démarche « originale, audacieuse et inclusive, qui développe par la musique. Le créateur réhabilite l’idée que le design est important dans la conception de l’instrument. Tous les handicapés y trouvent leur compte, ils sont dans une attitude active en jouant les sons, en étant acteurs de la session. Ce n’est pas une promesse de guérison, mais le bénéfice est énorme : les jeunes créent du lien social entre eux et vis-à-vis des autres, de plus l’instrument incite au déploiement du corps. »
Candan Cankaya-Xufré confirme cet effet positif sur la psychomotricité, grâce au « réveil de l’élan créateur chez les personnes atteintes de troubles du spectre autistique. Ils font certains mouvements inhabituels grâce au désir d’appuyer sur la prochaine touche, ce qui entraîne certaines améliorations. On remarque aussi du calme, de l’apaisement et une durée de concentration plus longue. »
L’expérience est d’autant plus ludique qu’elle est instinctive, la découverte n’étant pas entravée par les barrières d’apprentissage inhérentes aux instruments classiques. Une facilité d’accès qui permet d’aller jusqu’à la création selon la durée du projet : après trois ans d’entraînement, des enfants d’IME sont montés sur scène pour une improvisation aux côtés de musiciens professionnels.