En Ile-de France, les files d’attente sont devenues récurrentes devant les PADA et ne cessent de s’allonger. Cela entraîne des situations catastrophiques avec des centaines de personnes qui dorment à la rue dans l’attente d’obtenir un précieux rendez-vous (environ 20 jours d’attente à Paris). Une réalité que dénoncent toutes les associations. L’Office français de l’immigration et de l’intégration a donc décidé de mettre en place une plateforme téléphonique multilingue de prise de rendez-vous pour accéder aux PADA afin d’éviter ces files d’attente. Didier Leschi, le directeur de l’OFII, explique : « Cela permettra également de mutualiser et de centraliser l’ensemble des rendez-vous pour mieux répartir la charge entre les préfectures. Aujourd’hui, on a de 20 % à 30 % des rendez-vous qui ne sont pas honorés, certains demandeurs d’asile prennent date dans plusieurs guichets uniques et ils vont à l’entretien qui est le plus proche en termes de délai. Avec la plateforme téléphonique, dont on ne connaît pas encore le numéro, on évitera ce phénomène. »
Cette plateforme téléphonique est loin de faire l’unanimité auprès des associations. France Terre d’asile se dit sceptique. Pierre Henry, son président, ne nie pas qu’il y ait une véritable difficulté aujourd’hui. « Attendre des jours pour accéder à une PADA – France Terre d’asile gère la PADA de Paris –, parce que le nombre de rendez-vous quotidien est contingenté à la demande des préfectures, est effectivement un problème. La suppression de la file physique est a priori une bonne chose, à condition que les demandeurs d’asile aient accès à un hébergement. Ce n’est pas parce qu’il y aura une plateforme téléphonique que les demandeurs d’asile ne dormiront plus dehors. Les accès à la procédure administrative et au logement doivent être corrélés. »
Pour la Cimade (Comité intermouvements d’aide aux évacués), cela rajoute encore une étape dans la procédure de demande d’asile. Pour Gérard Sadik, responsable des questions « asile » : « Cette plateforme téléphonique en Ile-de-France est un pansement sur une jambe de bois. Le système d’enregistrement des demandeurs d’asile doit être repensé dans sa globalité avec un accès direct aux guichets uniques, comme cela a pu se faire dans le passé mais dans de meilleures conditions. » La Cimade envisage de déposer un recours contre cette plateforme téléphonique devant le tribunal administratif de Paris.