« L’emploi accompagné est une méthodologie qui existe depuis les années 1980, qui a été développée dans les pays nord-américains. Les évaluations qui découlent de cette méthodologie montrent que, grâce à ce dispositif, l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap en milieu ordinaire s’améliore », explique Laurence Germain, directrice de l’Association pour une intégration réussie dans l’entreprise et dans la société (AIRES). Cette méthodologie a donc déjà fait ses preuves. La France est en retard puisque l’emploi accompagné n’a été reconnu qu’avec la loi « travail » du 8 août 2016 et mise en application le 1er janvier 2017.
Précisément, l’emploi accompagné est un dispositif d’appui pour les personnes en situation de handicap destiné à leur permettre d’obtenir et de garder un emploi rémunéré sur le marché du travail ordinaire. « Sa mise en œuvre comprend un soutien et un accompagnement du salarié ainsi qu’un appui et un accompagnement de l’employeur. On n’est donc pas dans le domaine du médico-social mais bien dans celui de l’emploi », ajoute Laurence Germain. « La particularité de ce dispositif est qu’il est mis en œuvre sur l’intégralité du parcours professionnel, c’est-à-dire sur la durée et sans limite de durée. Ce qui est une révolution. De même, l’accompagnement se fait pour la personne en situation de handicap et pour l’entreprise, du dirigeant à la direction des ressources humaines et aux autres salariés. »
« Il est à noter que seuls les dispositifs d’emploi accompagné sélectionnés dans des appels d’offres lancés par les agences régionales de santé [ARS] vont pouvoir bénéficier d’un financement public. Le problème, c’est que l’on a constaté que les ARS n’avaient pas le même cahier des charges : certaines avaient une entrée par pathologie (par exemple seulement les personnes atteintes d’une maladie psychique) alors que d’autres avaient une entrée sur les personnes de moins de 30 ans ou sorties d’établissement et service d’aide par le travail. Il existe donc des dispositifs d’emploi accompagné qui n’ont pas de financement dédié », assure Laurence Germain. Mais, selon elle, cela aurait un avantage : « Ne pas avoir de financement dédié et de sélection préalable permet d’avoir plus de liberté. En effet, on peut plus facilement sortir du cadre et être au plus près des besoins des personnes. On est donc plus proche de la méthodologie pratiquée dans les pays nord-américains et qui a déjà montré ses preuves. »
Laurence Germain détaille ainsi les missions d’AIRES : « Faciliter l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap mental ou ayant des troubles cognitifs ; les maintenir dans l’emploi et ce sans limite de durée ; favoriser les évolutions professionnelles ; prévenir les risques psychosociaux. Au total, nous accompagnons 95 personnes âgées de 18 à 45 ans (45 d’entre elles sont en situation de handicap et 50 sont des salariés des entreprises dans lesquelles celles-ci travaillent). Pour nous, tout le monde est capable de travailler en fonction de ses capacités et de ses compétences. Tout se joue sur la motivation et l’adaptation de l’environnement physique et humain. Nous ne faisons pas de sélection par rapport à la lourdeur du handicap ou la pathologie. Le handicap n’est pas le problème dans le milieu professionnel, c’est la variable qui va révéler les dysfonctionnements d’une organisation. Quand ça ne se passe pas bien avec un salarié handicapé, c’est souvent en raison d’un manque d’adaptation, de compréhension, de méthodes, voire de bon sens. »