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Pr Stéphane Viville : « Le dépistage par prise de sang est un progrès considérable »

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Quelles sont les différences entre le dépistage prénatal et le diagnostic préimplantatoire ?

La très grosse différence entre les deux est que lors du dépistage prénatal, si le diagnostic est défavorable, la seule solution proposée est l’avortement, une interruption médicale de grossesse (IMG). Alors qu’avec le diagnostic préimplantatoire, généralement, on a 5 ou 6 embryons et donc de bonnes probabilités d’avoir des embryons qui ne sont pas porteurs de la trisomie 21. On ne va donc transférer que des embryons sains.

Selon vous, la détection de la trisomie 21 doit-elle être systématique ?

Il s’agit d’un choix politique fait il y a déjà de nombreuses années dans pratiquement tous les pays d’Europe. C’est un choix qu’il faut assumer, même si on est à la limite de l’eugénisme. Je dis « à la limite » parce que c’est au couple de savoir ensuite ce qu’il fait de la grossesse. En sachant qu’il y a toujours une pression sociale importante contre le handicap. Mais dans la mesure où l’on est dans une société qui ne fait pas grand-chose pour la prise en charge des handicapés, le choix des parents conduit généralement à une IMG.

Pour autant, faut-il préférer l’amniocentèse à la prise de sang ou au diagnostic préimplantatoire ?

Du point de vue de la prise en charge, le dépistage par prise de sang est un progrès considérable. On peut la faire plus tôt que l’amniocentèse et il n’y a pas de risques induits par le geste. L’amniocentèse induit, dans 1 % ou 2 % des cas, un risque de fausse couche. En revanche, le dépistage par prise de sang, lorsqu’il est positif, est systématiquement suivi d’une amniocentèse. Or, on peut avoir un placenta trisomique et un fœtus normal. L’amniocentèse va correspondre à des cellules du fœtus et non du placenta et donc va permettre de vérifier s’il y a bien une trisomie 21. Il est probable que dans peu de temps on arrive à considérer que le dépistage prénatal est suffisamment sûr et que l’on ne fasse plus d’amniocentèse.

Vous dites que les couples ont, en raison de la pression sociale, très peu le choix de garder leur enfant. Cela pose la question d’un éventuel eugénisme…

En ce qui concerne la trisomie 21, on est limite. On est dans une zone grise, du fait de la pression sociale et d’un manque de prise en charge de ces personnes. Il y a donc une forme de pression sur les couples pour aller vers l’avortement.

Dans les faits, 96 % des parents porteurs d’un enfant trisomique choisissent l’avortement…

La difficulté, c’est d’en faire une traque, de considérer qu’il faut arriver à 100 %. Or, il y aura toujours des cas qui échapperont au diagnostic médical. Ne pas vouloir avoir un enfant trisomique me paraît la chose la plus légitime du monde, mais l’assimiler à un drame, aboutissant à considérer que l’enfant ne doit pas être accueilli dans l’espèce humaine, me paraît, en revanche, un peu excessif.

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