« Nous postulons que toute personne peut communiquer si on lui en donne les moyens », assure Céline Poulet, déléguée nationale « personnes en situation de handicap » de la Croix-Rouge française. L’association a inscrit dans ses priorités(1), début 2017, le développement de la « communication alternative améliorée » (CAA), qui facilite l’expression des personnes ayant des troubles de la parole ou du langage. L’organisation non gouvernementale constate un retard de la France vis-à-vis des pays nordiques, de l’Allemagne ou des Etats-Unis.
Dans ses 93 établissements et services « handicap », la Croix-Rouge a commencé par former des « référents numériques ». En 2018, elle va déployer des kits d’outils de CAA dans 70 d’entre eux, qui ont exprimé les besoins les plus importants. Certains kits contiennent des logiciels pour communiquer à l’aide de pictogrammes, ou encore des systèmes de guidage de la souris sur écran à l’aide du mouvement des yeux ou du souffle. D’autres kits proposent à la personne un « tableau de communication » informatique s’adaptant à ses besoins (synthèse vocale à partir d’un texte, navigation simplifiée sur Internet).
Les professionnels observent comment la personne peut communiquer (par des hochements de tête, des mouvements des mains) et proposent des outils. Le but n’est pas de fournir immédiatement un équipement à chaque personne – le coût serait démesuré – mais de leur permettre de tester les outils et de les adapter à leurs besoins. La Croix-Rouge les aide ensuite à obtenir un financement de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH), explique Céline Poulet.
Les kits sont financés par la Fondation d’entreprise FDJ (La Française des jeux), qui soutient le projet au titre de ses actions pour « l’égalité des chances par le jeu », car beaucoup d’outils prennent une forme ludique. Les établissements peuvent compléter cet apport en sollicitant d’autres financeurs, comme les agences régionales de santé.
Comme ces technologies restent onéreuses, un déploiement à grande échelle aide à faire baisser les prix. Surtout, la Croix-Rouge met en place un système d’« économie circulaire » permettant à ses structures de réutiliser les outils après leur test. Dans un second temps, chaque établissement pourrait mettre « son savoir-faire au service de la population générale », envisage Céline Poulet.
L’association milite aussi pour que les pouvoirs publics s’emparent du sujet. Elle attend beaucoup de la mesure n° 13 du plan en faveur du polyhandicap lancé en 2017, sous la précédente majorité (2), qui prévoit d’équiper les établissements d’outils d’aide à la communication. Le groupe de travail chargé de préparer cette action devait ce réunir pour la première fois ce jeudi.