Les villes françaises font des efforts en matière d’accessibilité. En témoigne la ville de Lyon, qui a remporté l’Access City Award 2018 (Grenoble avait remporté l’édition 2014), décerné par la Commission européenne, qui récompense les villes les plus accessibles aux personnes handicapées. Mais les problèmes de marches trop hautes, de mauvais nivellement ou d’absence d’ascenseurs persistent. Pour que les personnes à mobilité réduite aient la possibilité d’anticiper leurs déplacements, Google Maps propose depuis peu une fonction « fauteuil roulant », qui met à la disposition des personnes en situation de mobilité réduite des itinéraires calculés en fonction de l’accessibilité des transports en commun.
Pour déterminer la faisabilité de l’itinéraire, Google se base sur les données des agences de transports publics et sur les appels à contribution citoyenne, en demandant aux usagers de décrire leurs « expériences stations ». Problème : pour le moment, seules les agences de six grandes métropoles, dont Paris, ont été mises à contribution, et les 200 rendez-vous publics organisés pour partager des informations « accessibilité » ne pèsent pas lourd à l’échelle du globe. Une construction lacunaire qui se vérifie dans la pratique. A Paris, l’ensemble du réseau bus et des tramways est accessible aux personnes à mobilité réduite, et les travaux sur les stations de RER avancent… bon train. Il n’en va pas de même pour les métros, où seule la ligne 14 est entièrement accessible.
Nicolas Mérille, conseiller national « accessibilité universelle » à l’Association des paralysés de France (APF), a testé l’application entre place d’Italie et Châtelet. Alors que « l’idéal serait de prendre le bus, Google Maps ne propose que la ligne 7 qui n’est pas équipée. Il est étonnant que la société ait communiqué sur une option qui n’est pas du tout au point. »
Néanmoins, il est dans les usages googliens de proposer des versions bêta de ses outils, qui se perfectionnent avec le temps et les données recueillies. Si la même logique a probablement prévalu ici, il est regrettable que d’ici à l’amélioration programmée de cette fonctionnalité, les trajets des personnes à mobilité réduite soient plus complexes au lieu d’être facilités.
Le cheminement « piéton », lui, relève parfois du calvaire dans certaines rues où les trottoirs sont exigus. Mais le chemin de croix est bien souvent obligatoire pour les personnes à mobilité réduite. « En région parisienne, on ne prend pas tellement les transports, car c’est la galère », explique Jean-Michel Royère, président de l’association Mobilité réduite. Plutôt que Google Maps, il conseille d’utiliser Streetco, un GPS piéton collaboratif gratuit qui fonctionne sur Android et IOS, où les utilisateurs définissent si un chemin est praticable ou non. « Ils renseignent l’application en temps réel pour savoir si les rues sont accessibles, s’il y a des obstacles permanents ou temporaires comme des travaux ou un véhicule », détaille M. Royère.
Un bémol, cependant, « la page d’accueil est lourde », et l’application ne s’occupe pas pour le moment des transports en commun. Une logique de complémentarité pourrait à terme se mettre en place, explique Arthur Alba, l’un des cofondateurs : « Nous essayons d’être partenaires de Google Maps et non des concurrents. Le marché de l’accessibilité n’est de toute façon pas assez gros pour lui. »