Les acteurs du logement social sont plutôt bons élèves en matière d’emploi des personnes handicapées, avec un taux de 5,5 % pour les entreprises sociales pour l’habitat et de 5,4 % pour les offices publics de l’habitat, alors que le secteur privé atteint seulement 3,4 %. Mais on peut toujours mieux faire, pour répondre notamment à l’obligation légale de 6 % par entreprise.
La FESH et la FOPH partagent un constat : « Nous avions des difficultés de recrutement car les demandeurs d’emploi en situation de handicap manquent souvent de qualification pour être recrutés, il fallait donc les faire gagner en compétences », explique Rosanne Legendre, chargée de mission « handicap et formation » à la FESH. Face à cette situation, ces deux fédérations, concurrentes dans le secteur, ont décidé de s’allier et d’être proactives. Elles ont ainsi mis en place, en expérimentation, un parcours de formation en alternance à un métier qui est rarement ouvert aux personnes touchées par un handicap et qui recrute, celui de la gestion locative sociale.
En partenariat avec l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph), le processus a donc été lancé avec le recrutement de dix candidats. Après une phase de sourcing guidé par des prérequis – la maîtrise du français, avoir une bonne orthographe, savoir calculer, travailler en équipe –, les personnes sélectionnées par les bailleurs sociaux lors d’un job dating ont intégré le dispositif. Elles ont ainsi suivi une formation certifiante auprès de l’Association pour la formation professionnelle continue des organismes de logement social (Afpols) et ont acquis une expérience professionnelle grâce à un contrat de professionnalisation. Neuf des dix candidats ont obtenu leur certification au titre de « chargé de gestion locative sociale », qui équivaut à un niveau bac + 2. Mariama Gomis, 31 ans, en fait partie et est aujourd’hui employée en contrat à durée déterminée à Paris Habitat. Elle revient sur cette expérience : « Cela n’a pas été tous les jours facile par rapport à notre handicap ; la fatigue liée aux transports était quelquefois très présente, mais on a tenu. Cela a été un an intense, mais cela nous a permis de gagner en compétences. C’est très valorisant et cela donne confiance. »
Une expérience positive pour les certifiés et également pour la FESH et la FOPH, ces fédérations ayant d’ailleurs décidé de dupliquer ce parcours de formation en région Auvergne-Rhône-Alpes. Du côté de l’Agefiph, Sandrine Roy, chargée de mission « grands comptes », encourage ce type de projet : « L’originalité de ce dispositif repose sur l’alliance et la coconstruction de l’action par deux branches d’un même secteur d’activité, unies pour répondre aux besoins de leurs entreprises respectives, à savoir recruter des personnes en situation de handicap sur un métier transverse aux deux branches. Cela montre que c’est possible. »