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« Un rattrapage certain »

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Directrice de la Maison martiniquaise des personnes en situation de handicap, qui évalue et délivre le soutien humain et financier nécessaire à la prise en charge du handicap en Martinique, Denise Desormeaux estime que le schéma de l’autonomie 2018-2022 est une avancée pour les personnes en situation de handicap.
Comment évaluez-vous l’offre actuelle réservée aux personnes handicapées sur l’île ?

L’offre est insuffisante, c’est certain. Mais par rapport à la situation que nous avions en Martinique il y a une dizaine d’années, il y a eu un rattrapage. Des efforts ont été faits, mais ce n’est pas encore satisfaisant. Les situations deviennent complexes avec le vieillissement de la population, notamment, mais ce n’est pas pire qu’ailleurs.

Tous les handicaps ne sont d’ailleurs pas logés à la même enseigne : en matière de handicap visuel et de handicap moteur, nous n’avons pas beaucoup d’établissements. Le handicap mental, lui, bénéficie de beaucoup plus d’offres de prise en charge. Il s’agit donc plutôt de revoir l’offre de service. Il faudra procéder à une restructuration de certains établissements, mieux dépister et mieux cerner le handicap : l’autisme, par exemple, a longtemps été pris en charge de la même manière que la déficience mentale. Ces établissements ont ensuite ouvert des places spécifiques pour l’autisme, mais il y a encore des besoins.

Le manque de places en établissement n’est-il pas un problème majeur ?

En établissement et service d’aide par le travail [ESAT], il y a en effet des listes d’attente. Le foyer de vie qui se trouve au sud, malgré le fait qu’il soit le seul établissement de l’île qui propose un hébergement de jour pour personnes handicapées, a régulièrement des places libres. Là où il est situé, il ne peut répondre aux besoins : les populations ne peuvent pas s’y déplacer. Le transport est à mon sens le problème majeur des handicapés en Martinique. C’est ce qui ressort de toutes nos enquêtes. S’il n’y a personne pour aider un aveugle à se déplacer, il ne pourra pas prendre les transports en commun, car ils ne sont pas adaptés.

C’est un problème global qui est similaire à celui qu’on retrouve dans les campagnes françaises : si vous n’avez pas votre propre voiture, vous ne pouvez pas vous déplacer. Il y a un réseau de bus, mais il n’est pas assez développé, de même pour les taxis collectifs. Si un handicapé veut prendre un transport adapté, une course en taxi va lui coûter 60 €, contre 10 € pour les taxis collectifs. Résultat, ils ne les prennent pas.

Le schéma de l’autonomie vous semble-t-il satisfaisant ?

Il me semble que oui. Il a été fait en prenant en compte tout le monde, les thèmes des groupes de travail ont été retenus après consultation du public. Les besoins des différents territoires ont également été entendus. Du nord au sud, les problématiques ne sont pas les mêmes : en ne développant les services que sur le centre de l’île, on délaisse un certain nombre de personnes. Dans certains territoires, comme le nord, il y a très peu d’offres, alors que ses habitants cumulent les difficultés. Le schéma a été travaillé pour que toute la population, où qu’elle soit et quelles que soient ses modalités de vie, soit prise en compte. Il y a donc des objectifs retenus visant à apporter des réponses sur les secteurs géographiques en souffrance.

Mais si l’élaboration du schéma de l’autonomie est à la charge de la collectivité territoriale de Martinique, la mise en œuvre d’un certain nombre d’objectifs ne relève pas que de sa seule responsabilité. C’est le cas dans le domaine du transport collectif et individuel, par exemple, qui va dépendre du secteur économique et des appels à projets. Et pour certaines actions, il faudra du temps pour que des acteurs s’organisent et trouvent tous les moyens nécessaires afin d’être en mesure de répondre à des appels à projets.

Quelles solutions ont été préconisées ?

On a travaillé à la diversité de l’offre pour qu’elle soit au plus près des besoins. L’idée est qu’on ne soit pas uniquement dans la réponse de construction d’établissements. Nous avons fait en sorte que les familles d’accueil se développent davantage en les formant à la question du handicap et nous avons renforcé le soutien aux familles, qu’il soit financier ou qu’il s’agisse de formations afin qu’elles puissent mieux accompagner leur proche.

Il y a des familles qui n’ont pas beaucoup de solutions de répit. Les services à la personne en Martinique opèrent en grande majorité sur le champ des personnes âgées, il faut que ces services puissent avoir la double casquette et être un soutien à domicile pour les personnes handicapées. Il faut former les personnels, car s’occuper d’une personne âgée et d’une personne handicapée, ça n’a rien à voir. Nous allons travailler sur leur professionnalisation. Mais reste à trouver les organismes de formation. Sans eux, tout cela pourrait rester un vœu pieux.

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