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Le combat continue

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Trente ans après l’instauration de l’obligation d’emploi de travailleurs en situation de handicap, les incitations des pouvoirs publics commencent à payer. Car si elles restent particulièrement touchées par le chômage, le temps partiel subi ou les postes à qualifications peu élevées, les personnes handicapées sont de mieux en mieux intégrées sur le marché de l’emploi en milieu ordinaire. Pour Hervé Allart de Hees, secrétaire général du Conseil national handicap (CNH), « les choses vont dans le bon sens », notamment grâce à la loi de 1987, puis à celle de 2005, instaurant un quota de 6 % de personnes en situation de handicap parmi les effectifs des entreprises privées et des administrations publiques. Il rappelle par ailleurs que, contrairement aux idées reçues, « 80 % des handicaps se déclarent au cours de la vie professionnelle ».

Le secrétaire général du CNH note toutefois un effet « pervers » de la mesure. Alors que le taux d’emploi augmente, le nombre de personnes en situation de handicap au chômage explose. Un paradoxe qui s’explique par le nombre de plus en plus important de travailleurs requalifiés en situation de handicap. Un mal pour un bien, d’après Marc Desjardins, directeur du Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (Fiphfp), dont la mission est d’assurer le recrutement, le maintien dans l’emploi, la formation et l’accessibilité des postes. « Auparavant, les gens taisaient leur maladie invalidante de peur d’être licenciés ou écartés d’un poste, désormais ils sont mieux pris en charge et accompagnés », explique-t-il.

La menace de l’effet « ciseaux »

Fruit des efforts accomplis ces dernières années, le taux d’emploi des travailleurs handicapés est passé de 3,7 % à 5,5 % dans la fonction publique entre 2006 et 2017. Une progression pourtant perfectible pour Marc Dejardins, notamment dans la fonction publique d’Etat, qui recrute moins que les collectivités territoriales ou le milieu hospitalier.

Concernant la pérennité du système de financement de son fonds, le directeur du Fiphfp se dit inquiet des conséquences de l’effet « ciseaux ». Puisqu’un nombre de plus en plus important d’employeurs atteignent le quota des 6 %, les contributions versées au Fiphfp, pour le public, et à l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées), pour le privé, se réduisent à peau de chagrin et risquent, à terme, d’impacter le financement des aménagements de postes dont les travailleurs handicapés ont besoin. Pour y remédier, le directeur plaide pour une réforme globale de la contribution, qu’il souhaiterait voir généralisée. « Il faut changer de braquet et avoir une politique de l’emploi plus offensive », plaide-t-il, en rappelant deux objectifs fondamentaux : résorber le chômage de cette catégorie de la population fragilisée en boostant le recrutement, tout en maintenant l’emploi des personnes déclarées en situation de handicap déjà en poste.

Même constat du côté de l’Agefiph et de son directeur, Didier Eyssartier, pour qui « une bonne partie du chemin a été faite », mais qui souhaite que les politiques publiques tiennent davantage compte des personnes handicapées qui sont parmi les plus éloignées de l’emploi. Selon lui, les pouvoirs publics et les entreprises doivent mieux articuler l’accompagnement des travailleurs en fonction des différents handicaps (invalidité liée à un accident de travail, maladies dégénératives, troubles mentaux ou cognitifs, handicap moteur…). Une meilleure connaissance qui permettrait aussi d’anticiper les problèmes de santé des employés, afin d’éviter leur licenciement pour inaptitude. Un motif de rupture de contrat qui concernerait 100 000 salariés chaque année.

L’évolution des mentalités

Du côté des associations, les effets positifs de l’obligation d’emploi sont incontestables. « En dix ans, nous avons identifié plus de personne en situation de handicap que ces trente dernières années », se félicite Véronique Bustreel, conseillère nationale « travail » à l’Association des paralysés de France (APF). Ce quota de 6 %, auparavant perçu comme une contrainte, est devenu « un formidable outil contre les discriminations » en contribuant à faire évoluer le regard porté sur le handicap. « Contrairement à ce que l’on croit, les employeurs jouent le jeu. Seules 9 % des entreprises et des administrations ne remplissent pas le contrat et ne font que verser une contribution », détaille-t-elle. Une véritable avancée, puisqu’il y a dix ans, elles étaient 13 %. Une évolution qui amène à considérer que l’emploi handicapé doit être la règle et non plus l’exception.

Un taux faible d’emploi

→ 507 653 personnes handicapées sont inscrites sur les listes de Pôle emploi.

→ Le taux de chômage s’élève à 19 %, soit deux fois plus que le reste de la population.

→ 2,7 millions de personnes ont obtenu une reconnaissance administrative de leur handicap en 2015.

→ Le taux d’emploi direct des bénéficiaires de l’obligation d’emploi en équivalent temps plein était de 3,4 % en 2015, soit une hausse constante depuis 2011.

→ 70 % des bénéficiaires de l’obligation d’emploi sont employés dans le secteur privé, contre 22 % dans le public, et 8 % sont des travailleurs indépendants.

→ 1 million de personnes handicapées occupent un emploi.

Chiffres issus du bilan 2017 de l’Agefiph.
Le couac de Parcoursup

Alors que la nouvelle plateforme d’admission postbac Parcoursup semblait avoir écarté les élèves de terminale en situation de handicap qui n’étaient plus affectés selon une procédure spécifique, le gouvernement tente de rectifier le tir. Dans un communiqué daté du 20 mars, il est précisé que « les candidats peuvent signaler dans la rubrique ’Eléments liés à ma scolarité“ de leur dossier leur situation particulière ». Par ailleurs, en vertu de la loi du 8 mars 2018, les futurs étudiants « bénéficieront d’un droit de saisine particulier du recteur d’académie afin de demander le réexamen de leur situation » en cas de réponse non satisfaisante concernant leur affectation.

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