Sorti en salles le 7 mars, L’ordre des choses d’Andrea Segre contribue à nourrir les réflexions personnelles sur l’accueil des réfugiés par l’Union européenne. A travers un exposé parfois violent de la problématique abordée, le réalisateur dresse une critique aussi pertinente que poignante.
« Vous n’êtes pas en Libye pour les vacances. Là-bas, il y a le robinet qui règle le flux et vous devez l’arrêter. » La mission de Rinaldi, ancien escrimeur de haut niveau reconverti dans les services d’immigration italiens, est claire. Pour satisfaire son gouvernement, le policier un brin maniaque doit ralentir l’arrivée des réfugiés sur les côtes transalpines. Mais ce centre de rétention est loin d’être un modèle de respect des droits humains, et les migrants qui y sont retenus sur ses ordres sont autant de personnes risquant de devenir les marchandises d’un trafic d’êtres humains. Touché droit au cœur par le sort d’une réfugiée, Rinaldi va se retrouver face à un dilemme moral qu’il aura du mal à trancher. En plus de cerner avec justesse le point (sensible) de l’indifférente cruauté avec laquelle les pouvoirs publics abordent les solutions migratoires, le film amène chacun à se questionner sur ses propres priorités, entre deux plans esthétiquement très réussis.
En embarquant des personnages fictifs dans un voyage fait d’allers-retours entre Rome et Tripoli, le réalisateur livre un thriller qui dépeint avec une lucidité effarante la réalité politico-sociale d’une crise inhumaine. Un souffle de honte sur l’Europe, directement mise face à sa responsabilité dans le nombre de morts qui s’entassent à ses frontières.
L’ordre des choses
Andrea Segre – En salles