Le site Cœur-emplois.fr, créé il y a un an à l’initiative d’USB domicile, regroupant les quatre fédérations associatives de l’aide et des services à domicile, compte actuellement 4 500 emplois à pourvoir. Une enquête de Pôle emploi effectuée auprès des entreprises de services à la personne (SAP) comptabilisait 121 800 offres de travail en 2016, et 160 000 emplois supplémentaires seront nécessaires dans les quatre années à venir. Infirmiers, auxiliaires de vie, techniciens de l’intervention sociale et familiale (TISF), agents à domicile… Les profils recherchés sont multiples. Mais ce qu’on pourrait prendre pour une oasis de perspectives au milieu d’un marché du travail bouché est en fait un véritable casse-tête pour les employeurs, qui peinent à effectuer les recrutements nécessaires.
Manuella Pinto, membre du conseil d’administration d’USB domicile, veut briser les idées reçues : « La difficulté de recrutement ne se résume pas à des questions de salaire ou de conditions de travail. Les structures nous disent souvent qu’il est difficile d’avoir une personne correspondant au besoin, et que Pôle emploi ne leur envoie pas des profils adaptés. » Pour Sébastien Dary, directeur de la fédération Aide à domicile en milieu rural (ADMR) de l’Aube, la réponse à cette problématique réside dans « l’anticipation des recrutements. Le coup par coup ne fonctionne pas, les gens abandonnent avant la fin de la période d’essai. Il faut arrêter de faire dans l’urgence et proposer un plan de carrière : personne ne veut rester aide ménagère jusqu’à la retraite. » Serge Kroichvili, délégué général de l’Union nationale des missions locales (UNML), pense pour sa part que la solution réside dans la mise en avant des valeurs de l’aide à domicile. « Il y a une absence d’image et de connaissance du métier chez les jeunes. D’après nos enquêtes, les jeunes veulent donner du sens à leur futur emploi, une idée pourtant véhiculée par ce type de métier. » Le délégué voit dans la jeunesse un filon insuffisamment exploité par des employeurs qui les voient parfois « comme des jeunes délinquants qui viennent chez les personnes âgées pour les détrousser ».
Pour Laurent Simeoni, de la direction générale de Pôle emploi, l’imprégnation du métier à tous les stades du recrutement est capitale. Que ce soit pour les conseillers eux-mêmes, par le biais de séminaires, ou pour les demandeurs d’emplois, qui – après être passés par un atelier sectoriel – effectuent une période d’immersion d’une dizaine d’heures avant que soit décidée ou non une action de formation. La mise en place de tests pour passer « du déclaratif à la vérification des compétences avec des équipes spécialisées » est également une piste à explorer pour trouver les aidants de demain.