« Les riches, c’est fait pour être riches, les pauvres, pour être pauvres… » C’est ainsi que, dans le célèbre film La Folie des grandeurs, Don Salluste exprime, par la voix et les mimiques de Louis de Funès, la conception du ministre des Finances d’Espagne au XVIIe siècle. Caricature, provocation, évocation d’un monde disparu. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec la création de la sécurité sociale et plus largement de la protection sociale, la redistribution est au cœur du pacte républicain. Chacun contribue – par ses impôts et ses cotisations sociales –, en fonction de ses moyens, à la cohésion sociale et reçoit en fonction de ses besoins. Toutes les études montrent que, de 1950 à la fin du siècle dernier, les inégalités se sont réduites, mais qu’elles ont recommencé à se creuser depuis l’an 2000. Les revenus et le patrimoine des plus riches ne cessent d’augmenter à la vitesse grand V, tandis que ceux des plus modestes stagnent, voire régressent. Ce n’est pas tout à fait nouveau. L’économiste Thomas Picketty, dans son essai retentissant de 2013 (Le Capital au XXIe siècle, Seuil), a démontré l’extraordinaire concentration des richesses. La vraie nouveauté semble être une rupture du pacte républicain de la part des classes les plus aisées, qui semblent de plus en plus réfractaires à la logique de redistribution. Une note de la Fondation Jean-Jaurès tend – chiffres à l’appui – à accréditer cette thèse. L’ancienne ministre Michèle Delaunay tire la sonnette d’alarme.
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Le pacte républicain en danger ?
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