Le burn-out, en français « syndrome de l’épuisement professionnel », est mal connu dans l’Hexagone et ce n’est pas Gérard Sebaoun, auteur d’un rapport parlementaire en 2017 sur le sujet qui dira le contraire. L’ex-député, également médecin, plante d’emblée le décor : « Les professionnels des EHPAD sont particulièrement touchés par l’épuisement professionnel et le secteur connaît trois fois plus d’accidents du travail qu’ailleurs. » Un constat alarmant qui peine pourtant à faire naître une véritable prise en charge.
« Lorsqu’on interroge les personnels des EHPAD, ils expliquent qu’ils manquent de temps, de matériel, de formations, de collègues… Un manque de tout qui devient à terme un terrain favorable au développement du stress », averti Gérard Sebaoun. Trois indicateurs permettraient de le diagnostiquer : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation entraînant une déconsidération pour les patients et enfin la perte de sens pour son métier.
L’ancien député rappelle que les coûts du burn-out sontfaramineux pour la sécurité sociale : entre 1,36 et 3,24 milliards d’euros par an, selon une étude de 2013 de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-Osha).
En Belgique, partant du constat qu’il serait « injurieux » de demander à ses employés déjà sous pression de « travailler plus et mieux », Patrick De Coster, directeur du CHU de Namur, a préféré opérer une révolution managériale. Les maîtres-mots sont désormais « communication » et « confiance mutuelle » entre les cadres et les employés de terrain.
Une organisation du travail qui tient compte de l’humain sans occulter les conséquences des difficultés financières. Et ça fonctionne. Dans son hôpital, Patrick De Coster ne déplore que 2,4 % de taux d’absentéisme, un chiffre bien en dessous de la moyenne belge. Autre impératif qui lui tient à cœur : la présence sur le terrain du directeur afin qu’il « écoute et se taise ». « Nous devons sortir au moins 1 h 30 par semaine de nos bureaux pour que cela fonctionne », a-t-il plaidé face à un parterre de directeurs d’EHPAD.
La souffrance des soignants semble avoir été entendue par Agnès Buzyn qui, dans une allocution très attendue, a notamment promis un véritable plan « métiers et compétences » (voir page 7) construit avec le ministère du Travail, les organismes de formation et les employeurs du secteur.
(1) Les Assises des EHPAD étaient organisées les 12 et 13 mars, à Paris, par la société de conseil, de presse et de formation EHPA.