Danièle n’oublie jamais la Saint-Valentin. Mais ce jour-là, il y a trois ans, elle rentre chez elle extrêmement fatiguée, angoissée par la grosse altercation survenue la veille avec une collègue. Pas le cœur à fêter quoi que ce soit, alors elle se couche et tente de lire. Subitement, les lignes se couvrent de petites taches noires. Elle nettoie ses lunettes, mais rien n’y fait. Son cœur se met à battre la chamade, elle tente d’appeler son mari, impossible. Moins d’une heure plus tard, la cardiologue des urgences de l’hôpital lui annonce qu’elle fait un infarctus, mais les examens montreront qu’aucun caillot ne bouche ses coronaires. Danièle a un tako tsubo, ce qui signifie « piège à poulpe » en japonais. On l’appelle aussi le « syndrome du cœur brisé ». Celui-ci a été identifié au Japon en 1990 mais n’est pas connu ici : sous l’effet d’un stress violent, le ventricule gauche (celui qui donne au cœur sa forme de piège à poulpe) gonfle, puis reprend son aspect normal au bout de quelques jours, voire de quelques semaines. Danièle en est sûre : il ne s’agit pas d’un accident de parcours. Ce sont les petites humiliations quotidiennes au bureau, le chacun pour soi, le management infantilisant, la course au rendement, le manque de reconnaissance… qu’elle encaisse en silence depuis des années qui ont causé son burn-out cardiaque. Un livre original sur un trouble émergent, où s’entrecroisent vécu personnel et enquête sur un monde du travail en perte de sens.
Le Tako Tsubo, un chagrin de travail
Danièle Laufer – Ed. Les liens qui libèrent – 15 €