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Les représentants du secteur social et médico-social, sans y être hostiles, ne manifestent pas un enthousiasme débordant pour le service sanitaire annoncé par Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

En principe effective à la rentrée 2018, cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron devrait amener 47 000 étudiants issus des filières médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique, masseur-kinésithérapeute ou en soins infirmiers à accomplir leur stage dans l’éducation, la prison, les structures médico-sociales… Quatre thématiques seront privilégiées : l’alimentation, l’activité physique, les addictions et la santé sexuelle et affective. Face à l’annonce, les professionnels de la dépendance sont pour le moins circonspects.

Les possibilités de découverte d’un secteur qu’il est difficile d’aborder de manière théorique, en créant de potentielles futures vocations, sont pour certains à mettre au crédit de la mesure.

Claude Jarry, président de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa), évoque non sans un certain lyrisme les bienfaits de la reconnexion intergénérationnelle. « La personne âgée a perdu le bénéfice de la rareté alors que l’enfant est devenu roi. Dans cette société où le jeunisme est mis en avant, toute initiative qui amènera de futurs professionnels à côtoyer des personnes âgées dans des structures est une bonne initiative. »

Quelle sera la capacité d’accueil des établissement ?

Romain Gizolme, directeur de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), voit ce stage comme une « porte d’entrée pour découvrir le secteur, s’y intéresser et le valoriser » mais se demande « combien de structures seront en capacité d’accueillir les étudiants, compte tenu du taux d’encadrement désastreux aujourd’hui ». Un avis partagé par Julien Moreau, directeur de l’autonomie pour la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs (FEHAP), qui y voit la possibilité de renforcer les capacités d’accompagnement des structures et de créer une logique de transversalité dans des métiers avec des difficultés de recrutement, mais qui s’interroge sur la mise en place du système étendu à l’ensemble du territoire. « Les frais de transport seront pris en charge », a assuré la ministre des Solidarités et de la Santé, mais l’annonce ne prend pas en compte « le logement des étudiants dans les territoires ruraux ou les DOM-TOM », indique Julien Moreau.

Aux difficultés d’accueil par les structures risque de s’ajouter le problème du suivi des dispositifs de prévention mis en place dans le temps. Les stages seront en effet non rémunérés, et sur des périodes courtes (60 demi-journées). Philippe Patry, directeur de l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) les Acacias, est « très circonspect » quant à des « missions non pérennes, alors qu’on a besoin de s’inscrire dans le temps. Je gère des dispositifs de type “service civique” où le problème est la continuité du projet : si tous les stages ont lieu en même temps, comment va-t-il être mis en œuvre sur une année ? »

Romain Gizolme rappelle au passage que la crise des EHPAD ne se résoudra pas d’un coup de stage non rémunéré magique.

« Cette annonce est une mesurette au milieu d’un océan de réformes qu’il convient d’engager. Ce ne sera pas significatif pour le secteur, le problème est bien plus large. Il faut améliorer la prise en charge des personnes âgées de manière significative en doublant le nombre d’accompagnateurs, pas avec une suite de petites mesures. »

Bref, dans l’attente de précisions sur ce service, le secteur reste sur ses gardes.

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