Il ne se passe pas de jours sans que la question des migrants ne s’invite dans nos salons, voire dans nos assiettes, avec les journaux de 20 heures qui relatent une guerre ici, une famine là-bas, une dictature ailleurs qui poussent des milliers de gens à l’exil et à tenter – parfois au péril de leur vie – de rejoindre les contrées plus attrayantes que sont les Etats-Unis et l’Europe.
La réponse de plus en plus souvent défensive de ces pays n’est pas à la hauteur des enjeux. Il ne s’agit évidemment pas de préconiser une ouverture totale des frontières pour permettre une véritable « invasion » mais de prendre conscience de l’ampleur de la migration mondiale à venir et d’y répondre.
C’est, avec le réchauffement climatique, le plus grand défi à relever dans les prochaines décennies. D’ailleurs, les deux sont liés. Toutes les études internationales convergent pour diagnostiquer que, chaque année, 23 à 25 millions de personnes seront des réfugiés climatiques. Cette migration écologique s’ajoutera aux migrations économiques, sociales et politiques.
Alors, il faut être clair : le mur de Donald Trump à la frontière avec le Mexique, les barbelés que les pays de l’est de l’Europe érigent pour empêcher l’entrée des réfugiés venus de Syrie et d’autres zones de guerre et les lois – visant à contingenter l’immigration – que ceux de l’ouest de l’Europe votent à tour de bras seront, à contexte international inchangé, des lignes Maginot. Et, dans ce domaine, la France a une triste expérience…
La vraie réponse est un changement de logique. La communauté internationale – l’Union européenne, les Etats-Unis et les Nations unies – doivent prendre le mal à la racine. Pour stabiliser les populations, il n’y a pas d’autres solutions que d’assurer le développement économique du Sud et de prendre des mesures contre le réchauffement climatique plus drastiques que les engagements de la COP 21 de Paris.
Le risque est à la hauteur de la bombe démographique à venir. Selon les projections de l’ONU, l’Afrique sera peuplée de 2,5 milliards d’habitants en 2050, soit le quart de la population mondiale (10 milliards) attendue à cette échéance. L’Europe vieillissante ne pèsera pas lourd face à cette immensité.
La morale de l’Histoire est que, au lieu de s’invectiver pour savoir si la circulaire « Collomb » est liberticide et si le projet de loi « immigration » respecte les droits de l’Homme, associations, société civile et gouvernement devraient réfléchir ensemble à des projets de développement économique internationaux et de lutte contre le réchauffement climatique. On en est loin. Mais faut-il y voir un bon présage ? Emmanuel Macron s’est engagé à ce que l’aide publique au développement de la France passe de 0,38 % de son revenu national brut actuellement à 0,55 % en 2022, soit d’environ 8,5 milliards d’euros aujourd’hui à près de 15 milliards d’euros.
Si tous les pays riches s’engageaient dans cette voie, un vrai changement de paradigme serait peut-être possible.