C’est une entreprise que j’ai créée en 2006, prestataire et spécialisée dans le champ de la dépendance [classée donc dans les SAAD]. Elle s’occupe de trois types de public : personnes âgées, en situation de handicap, ou malades. Nous avons aujourd’hui une dizaine d’agences, et nous employons 350 salariés.
Le CICE permet de dégager des marges de manœuvre plus importantes, soit d’ajouter environ 3 % à un résultat net de 2 % : on est sur du 5 % au total les bonnes années, avant impôts. On passe du simple au double.
J’ai ouvert de nouvelles agences et j’ai conforté l’accompagnement de mes équipes. Quand j’ai des équipes sur le terrain, elles peuvent avoir des temps de réunion – 6 à 8 heures dans le mois, de concertation, d’analyse de la pratique et de cadrage quand on a des patients compliqués. Les anciens ont aussi du temps pour épauler les plus jeunes.
Concrètement, je vais pouvoir ouvrir trois à quatre agences dans les années à venir, les banques me prêtent plus facilement puisque le bilan est plus positif. J’ai pu aussi maintenir un haut niveau de formation : je dépense environ 3,5 % de ma masse salariale dans mon budget dédié. La fidélisation de nos équipes est la problématique du moment.
On a un turn-over trop important. Le métier est très spécifique, très exigeant. J’ai plus de demandes que de possibilités d’y répondre.
Ces métiers doivent être d’abord vécus pour savoir s’ils nous correspondent, ils sont difficilement explicables en recrutement. Ils sont aussi difficiles physiquement, à la limite de l’aide-soignant, et psychologiquement, au contact de personnes qui souffrent parfois de troubles psychologiques. Il faut être solide, tout le monde ne peut pas tenir.
L’enjeu est de valoriser ces métiers et de les rendre suffisamment attractifs. Aujourd’hui, les salaires ne sont pas très élevés et il y a souvent des temps partiels.
La fin de ces marges de manœuvre que je peux investir auprès de mon personnel ou dans mon développement. Cela mettrait mon entreprise en situation de fragilité. Au lieu de payer 42-43 % de charges patronales, on en paie aujourd’hui 13 à 15 % grâce à l’exonération « aide à domicile ». Le régime « Fillon » proposé en remplacement du CICE offre exactement la même chose : c’est un effet nul pour nous. Ce régime est attaché au SMIC : dès qu’on en décolle, pour fidéliser nos équipes, on ne bénéficie plus de l’exonération.
La plus simple est celle du « 1 € de moins par heure prestée ». Un euro correspond à peu près à 5 % du prix de l’heure. Cela permet de savoir comment piloter par rapport aux prix et à la marge qu’on va dégager : c’est plus d’anticipation et plus de clarté. Mais les autres mesures sont aussi pertinentes. L’essentiel est de pouvoir garder des marges de manœuvre que nous utilisons au développement de nos activités, du confort de nos assistantes de vie. Les modes d’intervention comme le travail au noir ou en direct ubérisent le métier, on doit faire partie aujourd’hui d’un environnement déterminé pour s’occuper de personnes fragiles, qui doit être cadré par des règles fiscales favorables. Si on ne le fait pas, c’est la porte ouverte à des organisations sauvages, avec des gens mal formés et de la maltraitance. On souffre vraiment de pénurie de main-d’œuvre, et il faut nous aider à prendre soin de nos équipes.
Il faut que les acteurs qui font le même métier aient les mêmes règles du jeu. Il y a une opacité sur les subventions distribuées aux associations, et elles ont des contraintes très fortes. Les entreprises doivent-elles renforcer leurs conventions collectives : sur l’accompagnement des équipes, le renforcement des minimas…
Un bénéficiaire a un reste à charge plus réduit avec l’association.
Les 5,5 % de TVA réduite doivent être attachés au fait de s’occuper d’une personne fragile plutôt qu’à des actes spécifiques, et même pour nous, avoir des taux de TVA différents est compliqué.