« Dans un contexte de maîtrise des dépenses publiques, le gouvernement [a] décidé de soutenir le secteur [social et médico-social], en fixant un taux d’évolution de la masse salariale de 1 % », a indiqué la direction générale de la cohésion sociale, le 23 février, au soir de la conférence salariale des établissements et services sociaux et médico-sociaux privés à but non lucratif.
« Inacceptable », répondent les fédérations d’employeurs de l’aide et des soins à domicile(1). « Loin de s’améliorer, affirment-elles dans un communiqué diffusé le 27 février, la condition salariale au sein de la branche reste sinistrée. » Elles rappellent que les neuf premiers niveaux de la catégorie A et les huit premiers niveaux de la catégorie B de la grille salariale conventionnelle sont sous le SMIC. « Concrètement, cela signifie que plus de la moitié des salariés de la branche […] ne peuvent espérer voir leur rémunération passer au-dessus du SMIC avant de longues années », résument les employeurs.
Du côté de Nexem, c’est le système même de la conférence salariale qui n’est plus adapté aux enjeux. « Il nous est demandé de nous engager sur des programmations pluriannuelles, mais, dans le même temps, nous dépendons chaque année de la conférence salariale », souligne Marie Aboussa, directrice du pôle « gestion des organisations » chez Nexem. L’organisation souligne le décalage entre les moyens donnés au secteur et les enjeux sociaux et sociétaux – ceux de la fluidité des parcours, du « zéro sans solution » ou encore du « zéro sans abri » – auxquels il lui est demandé de répondre par une transformation de son offre d’accompagnement. « La formation et l’évolution des compétences impliquent aussi une reconnaissance salariale », rappelle-t-elle. Mais avec une marge d’évolution de la masse salariale de 0,31 %, la tâche est ardue…
Car, comme le signalent Force ouvrière, la CGT et SUD Solidaires, dans une communication commune, sachant que la hausse annoncée de 1 % inclut le « glissement vieillesse technicité » (GVT : ancienneté) et les effets report des accords salariaux de l’année passée, en réalité, les négociations nationales par branche seront limitées. Elles ne devront pas impliquer une hausse de la masse salariale supérieure à 0,03 % dans la convention collective de 1951, 0,31 % dans la branche des CHRS (centres d’hébergement et de réinsertion sociale), 0,20 % dans la convention de 1965, 0,20 % dans la convention de 1966 et 0,66 % dans l’aide à domicile. Dans la convention de la Croix-Rouge française, le taux d’évolution de la masse salariale est même négatif (– 0,06 %). « La misère salariale va donc se poursuivre », dénoncent les syndicats.
L’Union intersyndicale des secteurs sanitaires et sociaux (Unisss) est également très inquiète. Dans un contexte budgétaire qui ne permet déjà pas de rendre attractifs les métiers du secteur, affirme-t-elle dans un communiqué, « la non-opposabilité des conventions collectives aux financeurs [contestée par les autres organisations patronales, ndlr] se traduira par une dévalorisation des métiers et une déqualification des personnes embauchées ». Et de s’interroger : « Va-t-on vers un délitement programmé d’un secteur par étouffement financier ? »
(1) Adessadomicile, ADMR, Fnaadp/CSF et UNA (Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles.