Les robots vont-ils remplacer les humains dans le monde du travail, y compris dans les métiers relationnels que sont, en particulier, ceux du secteur médico-social ? L’intelligence artificielle (IA) va-t-elle supplanter l’homme, le transformant en esclave ? Alimentées par les grands acteurs de l’IA que sont les fameux GAFAM – Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft –, ces deux questions font l’objet de fantasmes et d’anticipation de type science-fiction. Qu’en est-il réellement ? Faut-il avoir peur de l’IA ? Les robots remplaceront-ils les personnels dans les EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) ? Les services à la personne seront-ils assurés par des machines ?
Pour faire la part de la prospective sérieuse et de la prévision apocalyptique, nous avons interrogé deux experts. D’un côté, le Dr Laurent Alexandre, véritable « gourou » français et européen de l’IA. Ses conférences et ses interventions dans les médias et dans les congrès ou assemblées lui assurent un succès digne d’une rock star. Son objectif est d’alerter l’opinion et surtout les politiques sur la révolution technologique de l’IA et sur son impact sur la société. Dans son dernier livre, La Guerre des intelligences, il développe la thèse selon laquelle il faut profondément réformer l’éducation pour préparer les nouvelles générations à affronter l’IA et établir un rapport de force équilibré avec elle. A défaut, l’homme sera vassalisé par l’intelligence artificielle.
De l’autre, Laurence Devillers, professeure à l’université Paris-Sorbonne et chercheuse au Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur (LIMSI) du CNRS, a une approche plus pragmatique. Elle ne croit pas à une IA forte qui contrôlerait l’humanité. Son idée est que les robots resteront sous la domination de l’homme et que l’enjeu d’avenir est de développer l’interaction homme-machine, de travailler sur la détection des émotions par les machines et la robotique affective et interactive.