C’est un rapport choc que publie l’Institut Montaigne sur le travail en prison. Le groupe préconise de développer le travail dans les maisons d’arrêt parce que c’est le meilleur moyen d’éviter la récidive. Le constat n’est pas nouveau. Il fait partie du corpus idéologique du mouvement associatif. Mais, exprimé par le très libéral think tank dirigé par Henri de Castries, l’ancien président du groupe Axa, il prend une tout autre dimension. On y apprend qu’un tiers seulement des détenus ont accès à une activité professionnelle et rémunérée, alors qu’en théorie, c’est un droit. Selon Jean-Marie Delarue – le médiatique ex-contrôleur général des lieux de privation de liberté (voir interview page 14) –, l’administration n’accorde aucun intérêt à la réinsertion et les conditions sociales des travailleurs en prison sont indignes. En arrière-plan de ce tabou, il y a l’opinion qui réclame toujours plus de répression et d’incarcération, tout en déplorant la surpopulation carcérale et en restant rétive à la construction de nouvelles centrales. Le résultat de ces contradictions est un taux de récidive en France qui est un des plus élevés d’Europe, la prison étant une école de la délinquance plus qu’un lieu de réintégration sociale. Il est temps de remettre à plat la politique pénale, avec une évaluation des peines alternatives et une relance du travail derrière les murs d’enceinte. Ce nouvel essai de Montaigne sera-t-il transformé ?
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Le poids des maux, le choc des tabous
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