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« Où est le ratio un pour un »

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Fidèle à lui-même, Pascal Champvert, président de l’Association nationale des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), tape du poing sur la table et dénonce une politique d’économies qui tourne le dos aux vrais enjeux du vieillissement de la population.
Selon Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, la réforme de la tarification ne renforce pas les inégalités entre les établissements mais rend « seulement plus visibles » les différentes orientations des conseils départementaux en matière de financement des EHPAD. Qu’attendez-vous des départements ?

Pascal Champvert : Nous ne rentrerons pas dans ce jeu de dupes permanent entre l’Etat et les départements. La Caisse nationale d’assurance maladie constate une augmentation des maladies professionnelles dans le secteur. Notre priorité est de savoir ce que compte faire l’Etat pour améliorer les conditions de travail des personnels en EHPAD. Il faut par ailleurs pérenniser le financement des services d’aide à domicile. Le coût horaire global moyen est de 24,24 €, alors que les départements tarifient à 21 €. Cela arrange bien l’Etat d’opposer les EHPAD au domicile !

La ministre a présenté un plan d’action pour les EHPAD les plus en difficulté, qui comprend notamment une enveloppe supplémentaire de 50 millions d’euros et la nomination d’un médiateur. Qu’en pensez-vous ?

P. C. : Nous en avons assez des comités « Théodule » et des rapports « Machin » qui font perdre du temps ou qui finiront dans un placard ! On nous donne 50 millions d’euros supplémentaires alors que l’Etat a encore détourné il y a quelques mois 100 millions d’euros des réserves de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie. Avec le plan « solidarité grand âge », l’Etat s’est engagé à doter les établissements d’un ratio de « un pour un » en 2012. C’est pour nous une revendication prioritaire. L’Etat demande aux établissements de signer des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM), alors qu’il n’a lui-même pas rempli son objectif six ans plus tard. Et, de plus, l’Etat fait preuve de cynisme en voulant diminuer les moyens !

A la suite du mouvement national de grève du 30 janvier, l’AD-PA et les cinq organisations syndicales (CFDT, CFTC, CGT, FO et UNSA), rejointes par la CFE-CGC, SUD et UFA, ont maintenu leur demande de rendez-vous avec le président de la République, formulée en octobre dernier. Qu’attendez-vous d’Emmanuel Macron ?

P. C. : Nous souhaitons parler avec le président de la République de la place des personnes âgées dans la société, de l’engagement qu’il souhaite prendre contre l’âgisme. Emmanuel Macron ne peut pas négliger un mouvement sociétal qui a réuni, le 30 janvier, des dizaines de milliers de professionnels d’établissements et services à domicile, les associations de retraités et les familles des personnes âgées. Quelle politique du vieillissement voulons-nous donner à la France ? Cette question n’est pas seulement financière, elle est sociétale et éthique. Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a refusé, le 30 janvier, de recevoir l’AD-PA et l’intersyndicale. Depuis trente ans, je n’ai jamais vu un ministre de la Santé qui refuse de recevoir les représentants du secteur. La mission parlementaire de la députée Monique Iborra (LREM) a compris les enjeux du secteur et a formulé une série de propositions. En décembre dernier, le rapport des députés Agnès Firmin Le Bodo (UDRL) et Charlotte Lecocq (LREM) recommandait une suspension de la convergence tarifaire. Mais Agnès Buzyn ne parle pas avec les parlementaires, elle préfère insulter les directeurs d’établissements en mettant en cause la qualité du management. Nous avons d’ailleurs demandé des excuses, et nous les attendons toujours ! Le dossier n’avancera pas en injuriant ses partenaires.

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