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Mécénat et médico-social : un exemple à suivre

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Comment moderniser et rendre plus accessible un institut d’éducation motrice (IEM) ? L’une des voies possibles est de faire appel au mécénat et d’associer au projet des entreprises et les résidents des lieux. Fabrice Ettori, chef de service paramédical au sein de l’IEM Le Petit Tremblay, à Saint-Pierre-du-Perray (Essonne), révèle les secrets de ce challenge et le détail des partenariats et des opérations qui ont permis d’améliorer l’environnement de cet institut.

« Le quotidien d’un établissement social et médico-social est aujourd’hui au cœur d’un changement de mentalité à la fois questionnant et intéressant, mais aussi générateur d’angoisses. L’inéluctabilité de cette évolution, due, selon les uns, aux restrictions budgétaires drastiques et, selon les autres, à une gestion des fonds publics plus adaptée aux besoins des personnes accueillies, oblige les structures et ses cadres dirigeants à trouver des idées neuves et originales.

L’institut d’éducation motrice (IEM) Le Petit Tremblay, à Saint-Pierre-du-Perray (Essonne), a ouvert ses portes en 1967. Le public ciblé souffrait alors de pathologies neuromusculaires. Peu à peu, les usagers accueillis ont évolué. Si la pathologie motrice est encore au cœur de l’admission, les pathologies admises se sont diversifiées et, pour certaines, complexifiées. L’emménagement dans des locaux neufs, en novembre 2013, fut l’occasion pour les 57 jeunes de l’IEM de bénéficier d’un équipement modulable à la pointe de la technique. Au sein d’une commune accessible, nous pouvons travailler sur l’un des principaux projets de l’Association des paralysés de France (APF) : l’accessibilité pour tous et la liberté de circuler. Toutefois, l’ensemble des attentions portées sur le bâtiment et le jardin est vite apparu non pensé pour des personnes en situation de handicap.

Le projet d’aménagement du parc était ambitieux, mais il nous apparaissait comme une évidence. Comment se sentir légitime à parler d’accessibilité si nous ne proposons aux usagers que des espaces gazonnés irréguliers ? Dans ce contexte, il était important de ne pas céder au fatalisme et de s’inspirer de ce qui marche.

Mécénat « clé en main »

Plusieurs professionnels se sont mobilisés et ont contacté le Centre européen d’éducation permanente (CEDEP), à Fontainebleau (Seine-et-Marne), lieu de formation de cadres supérieurs des grandes sociétés mondiales, qui a déjà réalisé quelques œuvres de mécénat dans la région Ile-de-France. Fin 2014, nous avons été orientés vers la société anglaise Splash Projects, qui fournit au CEDEP des projets de mécénat “clé en main”. L’année 2015 fut d’abord consacrée à convaincre cette entreprise du bien-fondé de notre démarche. Ce fut aussi l’occasion de revenir aux fondamentaux de l’école, puisque tous les entretiens se sont déroulés… en anglais ! Ensuite, le “challenge” fut posé avec un cadre clair : penser une structure accessible aux jeunes accueillis et dont chaque module devait être réalisable en une journée, avec des managers de sociétés de tous les pays et de toutes les langues en formation à Fontainebleau. Nous avons dû nous habituer à une approche différente : celle du monde des grosses entreprises. Les bons sentiments ne suffisent pas : c’est le concret qui parle.

Chaque journée, entre mai 2016 et novembre 2017, de 35 à 40 personnes ont investi l’IEM Le Petit Tremblay avec, pour chacune, des missions très définies. Pour ces professionnels du management qui ne se connaissaient pas entre eux, l’objectif fut de savoir se partager les tâches, de manager une petite équipe et, surtout, de tenir les délais impartis. Ils furent coachés par des professionnels de Splash Projects, tous d’anciens Royal Marines, habitués à préparer les plans et le terrain, à conduire les actions de la journée et, le cas échéant, à finir ce qui n’avait pu être terminé dans les temps.

Toutefois, la curiosité des jeunes et leur envie de voir et de toucher ce qui se construisait pour eux ont modifié quelque peu l’intensité du rythme de réalisation. Ainsi, nous avons compliqué la tâche des managers en invitant des usagers de l’IEM à participer aux ateliers, à prendre une part active au projet. Notre approche médico-sociale a été entendue et ce partage est devenu une plus-value offerte par l’IEM aux stagiaires. Aujourd’hui, ce partage est réclamé par les jeunes et les stagiaires, prouvant que le chemin fait conjointement rend la réalisation encore plus belle.

Grâce à l’adhésion de l’ensemble des professionnels de l’IEM, les journées se sont déroulées de manière festive et conviviale. Un grand repas a réuni les managers et les usagers, ainsi qu’un temps musical lors de la réception du chantier. La maire de Saint-Pierre-du-Perray nous a aussi fait l’amitié de venir couper un ruban symbolisant la fin du second chantier.

Tenir compte des autres

Nous avons associé les usagers à chaque étape de la réalisation, des travaux dans le jardin jusqu’aux chansons ponctuant les fins de chantier. L’aspect ludique fut d’un grand intérêt : par exemple, l’omniprésence de la langue anglaise a donné une perspective toute particulière aux cours dispensés à l’IEM. De plus, certains jeunes pour lesquels le travail, protégé ou non, est envisageable, ont découvert un vrai rythme de travail et la nécessité de savoir tenir compte des autres. Quelques rudiments de lecture, le déchiffrage de plan, mais aussi la mobilisation d’un bras hémiplégique furent indispensables pour travailler sur un chantier.

Finalement, les lieux se sont construits avec les envies et la participation des usagers. La finalité d’une action de cette envergure est un moteur puissant pour tous les acteurs.

Le monde du médico-social évolue, nous devons faire preuve d’adaptation et être à l’écoute du terrain. L’ouverture sur l’environnement ne doit pas être destinée uniquement aux autres structures médico-sociales ; elle doit également s’adresser aux entreprises. Nous serons demain des plateformes qui devront trouver des terrains de stages et faciliter l’accès à l’emploi. La joie réciproque à la fin de chaque journée entre des stagiaires menant une vie dans les bureaux et des jeunes en situation de handicap montre bien le partage que ce genre d’actions caractérise. Tous les efforts sont tendus vers un même but : mieux vivre ensemble. »

Contact : ettori.fabrice@lepetittremblay.com

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