Philippe Vermesch : Il était temps de faire quelque chose sur ce sujet. La CNAM est très motivée pour développer la télémédecine en secteur libéral, et sa crainte – que nous partageons – est que les budgets partent dans le secteur commercial. C’est un enjeu majeur parce que la télémédecine est un moyen de désenclaver les territoires. Il ne faut donc pas se tromper de cible. Pour l’instant, on a deux objectifs : la téléconsultation et la visioconférence. Après, il y a la question du partage de la valeur ajoutée entre le médecin traitant et le médecin spécialiste. La base de départ est l’actuel avis de consultant.
P. V. : Non, ils ne voient pas ce qu’il va se passer. Pour le moment, ils ne sont absolument pas prêts. C’est pour cette raison que je demande un fonds de formation fléché pour la formation à la télémédecine. Sur un budget de 30 millions d’euros, il faut absolument qu’il y ait un budget dédié à la télémédecine. A défaut, on s’expose à une véritable fracture numérique entre le secteur privé qui aura les moyens et pourra former ses médecins et les médecins libéraux et ceux du secteur public. A cela s’ajoutent les inégalités de couverture numérique qu’il est important de résoudre afin d’avoir un maillage du territoire satisfaisant.
P. V. : Le médecin coordonnateur ne sera pas vraiment impliqué dans le processus. C’est plutôt l’infirmière qui sera à l’initiative et sollicitera le médecin traitant pour savoir si un patient a besoin d’une téléconsultation ou d’une téléexpertise. Le médecin coordonnateur pourra participer à cette télémédecine.
P. V. : C’est un vrai risque. Il faut trouver des solutions pour avoir des postes à des prix raisonnables et une sécurisation des dispositifs avec du matériel simple.
Deuxième syndicat pluricatégoriel (c’est-à-dire regroupant des généralistes et des spécialistes) représentatif, le Syndicat des médecins libéraux a été créé en 1980 dans des circonstances historiques particulières. Cette année-là, la nouvelle Convention médicale – qui fixe notamment les tarifs des actes médicaux – autorise les médecins qui le souhaitent à adhérer à une option : les honoraires libres. Les médecins choisissant cette possibilité peuvent appliquer les tarifs qu’ils souhaitent et leurs patients sont remboursés sur la base des tarifs conventionnels. Mais cette année-là est aussi celle qui précède l’élection présidentielle de 1981. François Mitterrand, le futur président, promet pendant sa campagne que cette option – connue sous le nom de secteur II – sera abrogée s’il est élu. Anticipant cette élection, un groupe de médecins de l’Essonne décide, sous l’impulsion d’un des leurs, le charismatique Dr Dinorino Cabrera, de créer un syndicat pour défendre le secteur à honoraires libres qui, entre-temps, a rencontré un vif succès auprès des médecins et sera à l’origine de nombreuses campagnes médiatiques sur le thème des « dépassements abusifs ». La bataille pour préserver le secteur II a été rude mais a été gagnée grâce à un lobbying astucieux. Le SML obtiendra rapidement d’être à la table des négociations et veillera au grain. Mais les temps changent, la crise s’aggravant, le SML comprend que le statu quo n’est plus possible. En 2015, il sera l’un des porteurs d’un accord avec l’Assurance maladie visant à plafonner les dépassements d’honoraires.