Alexandre, la trentaine, travaille pour une grand « Groupe » bancaire et gère des portefeuilles clients. De gros clients : BNP, Deutsche Bank et tutti quanti, friands de termes techniques qu’ils sont les seuls à comprendre, pour mener des opérations bancaires de plusieurs millions d’euros. Au moment où il s’y attendait le moins, il prend officieusement la place de Pierre, son n+1, qui s’est trouvé indisposé.
Commence alors un parcours du combattant, Alexandre veut montrer qu’il a la carrure pour le poste. Sa nouvelle cheffe, Myriam, à l’accent parisien prononcé, l’appelle à toute heure du jour et de la nuit, y compris le week-end, pour lui demander du travail à lui rendre « asap ». L’acronyme de as soon as possible (« le plus vite possible », en anglais) est d’ailleurs le surnom qu’a donné Alexandre à son téléphone portable. Il veut prouver qu’il peut devenir manager. Dans ce monde moderne, il est interdit de flancher ou de montrer ses faiblesses. La nuit, pendant ses quelques heures d’indispensable repos, un T-Rex le hante, souvenir d’un traumatisme d’enfance.
Seul en scène, Alexandre Oppecini déroule la pièce, qui monte crescendo, imitant à merveille chacune et chacun de ses collègues. On rit, parfois jaune, souvent de bon cœur, de l’interprétation souvent pince-sans-rire servie par une mise en scène efficace, rythmée par les cafés qu’Alexandre se fait couler dans une célèbre machine à capsules.
Les applaudissements chaleureux et prolongés, à la fin du spectacle, l’émeuvent : pendant une heure vingt, Alexandre Oppecini a raconté sa propre histoire.
T-Rex, chronique d’une vie de bureau ordinaire
Alexandre Oppecini (texte), Marie Guibourt (mise en scène) – Jusqu’au 27 mars au théâtre de la Contrescarpe, Paris Ve – Les lundis et mardis à 21 h, le dimanche à 18 h 30