Quatorze mille mineurs non accompagnés et six mille jeunes majeurs étrangers étaient pris en charge par les services départementaux de l’aide sociale à l’enfance (ASE), au 31 décembre 2016, indique l’Observatoire national de l’action sociale (ODAS)(1). Malgré des budgets tendus, les départements ont fait preuve d’innovation pour prendre en charge ces jeunes aux besoins spécifiques, indique l’étude. Focus sur quelques-unes de ces initiatives.
Dispersés sur le territoire dans des quartiers calmes, les appartements partagés représentent deux tiers de ces initiatives et permettent d’accueillir deux à quatre jeunes par logement. Ces structures proposent une phase de préadmission, puis une période test de plusieurs semaines en hébergement collectif afin d’évaluer la capacité des jeunes à s’intégrer dans ce mode d’accueil et de les accompagner progressivement vers une plus grande autonomie. Par la suite, les jeunes qui le peuvent sont hébergés en appartements partagés, où ils se chargent eux-mêmes de l’entretien du logement, du linge et de la confection des repas, tout en bénéficiant du soutien plus ou moins présent d’une équipe éducative, indique l’étude. Lorsqu’ils sont considérés comme tout à fait autonomes, un soutien minimum de recours en cas d’urgence, disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, est assuré.
Encore expérimental, l’accueil par des familles bénévoles(2) ne concerne que quelques jeunes et se limite souvent à un accueil ponctuel, le week-end ou pendant les vacances, au regard de la complexité de sa mise en œuvre, relève l’ODAS. En effet, un tel mode de prise en charge nécessite, notamment, de former les familles d’accueil aux spécificités des mineurs non accompagnés. Ainsi, seul le département de la Loire-Atlantique a pu mobiliser une vingtaine de familles pour l’accueil à temps plein de jeunes, souligne l’étude.
Au sein de ces structures d’hébergement, les parcours proposés aux mineurs non accompagnés sont centrés sur l’axe formation-emploi, jumelé à un accompagnement à l’intégration sociale. La scolarisation ou la formation professionnelle est d’autant plus cruciale que l’obtention d’un titre de séjour est bien souvent conditionnée à la justification d’une formation qualifiante d’au moins six mois, précise l’ODAS. Faute de place en unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants, les structures accueillantes sont amenées à développer en interne des cours de français langue étrangère ou de français langue d’intégration. Par ailleurs, au-delà de l’apprentissage du français, certains établissements ont développé des écoles internes dispensant une formation qualifiante ou préqualifiante, indique l’étude.
Par ailleurs, afin d’éviter une rupture dans le parcours des jeunes lors du passage à la majorité, la quasi-totalité des départements proposent une solution d’hébergement ou une aide financière une fois la majorité atteinte, à condition que le jeune soit en cours de formation qualifiante, en situation régulière ou en cours de régulation, et fasse preuve de motivation, souligne l’ODAS. Néanmoins, au regard de la difficulté de remplir ces critères, beaucoup de mineurs non accompagnés se retrouvent sans logement à leur majorité et sont orientés vers des places d’hébergement d’urgence, déplore l’observatoire.
(1) « Les modes d’accueil adaptés aux mineurs non accompagnés : face à l’urgence, des départements innovent » – La Lettre de l’ODAS, janvier 2018 – Disponible sur